Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/374

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Murdockson vint me trouver à un rendez-vous que je lui avais donné, et m’apprit que votre sœur était heureusement accouchée d’un garçon. Je recommandai à la vieille de chercher à calmer l’esprit de la pauvre Effie, de la soigner, et de ne la laisser manquer d’aucune des douceurs que l’argent pouvait procurer ; ensuite je me retirai dans le comté de Fife, parmi les anciens compagnons de Wilson. Je me cachai dans ces antres où les hommes engagés dans le dangereux métier de contrebandier ont coutume de se réfugier et de déposer les marchandises passées en fraude. Ceux qui violent les lois divines et humaines peuvent encore exciter l’intérêt quand ils déploient du courage et de la générosité : on nous assura que le peuple d’Édimbourg, vivement touché de la situation de Wilson et du courage qu’il avait montré, soutiendrait toute entreprise hardie qui aurait pour but de l’arracher à la mort, fût-ce même au pied de l’échafaud. Toute désespérée que paraissait cette tentative, en déclarant que je servirais de chef à ceux qui voudraient l’entreprendre, je ne manquai pas de compagnons déterminés à me suivre, et je retournai dans le Lothian, prêt à agir quand l’occasion s’en présenterait.

« Je suis certain que je serais parvenu à le soustraire au nœud fatal suspendu sur sa tête, » continua-t-il en paraissant s’animer d’un reste de cette ardeur qui l’avait conduit à de tels exploits. « Mais, parmi d’autres précautions, les magistrats en avaient employé une qui leur avait été suggérée par le misérable Porteous, et qui déconcerta toutes nos mesures : ils avancèrent d’une demi-heure le moment fixé pour l’exécution. Nous avions décidé entre nous que, dans la crainte d’être remarqués par les officiers de justice, nous ne nous montrerions dans les rues qu’au moment où elle aurait dû avoir lieu ; il en résulta que tout était fini avant que nous eussions commencé une attaque en sa faveur. Elle eut lieu cependant ; j’arrivai jusqu’à l’échafaud, et je coupai la corde de mes propres mains. Hélas ! il était trop tard ! Le criminel mais intrépide et généreux Wilson n’existait plus, et la vengeance était tout ce qui nous restait ; vengeance que je regardais comme un devoir d’autant plus impérieux de ma part, que Wilson avait sacrifié pour me sauver une liberté et une vie qu’il aurait pu facilement sauver. — Ô monsieur, dit Jeanie, ces paroles de l’Écriture ne se présentèrent-elles pas à votre esprit : La vengeance m’appartient, dit le Seigneur, et c’est à moi de