Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/435

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suite de faire entre elles un parallèle, dans lequel elle remarquait que mistress Dabby était vêtue avec deux fois plus d’étalage, qu’elle était deux fois plus grosse, et parlait deux fois plus haut et deux fois plus que la reine, mais qu’elle n’avait pas ce regard de faucon qui donne la chair de poule et fait plier les genoux, et que, quoiqu’elle eût eu la bonté de lui donner un pain de sucre et deux livres de thé, cependant elle n’avait pas cet air de bonté qui va au cœur, et qui était peint sur la figure de la reine, lorsqu’elle lui mit dans la main le petit portefeuille.

Jeanie aurait peut-être pris plus de goût à tous les objets curieux et nouveaux pour elle que présentait la capitale, sans la condition attachée au pardon de sa sœur, et qui avait sensiblement affligé son cœur affectueux. Elle éprouva cependant quelque soulagement sur ce sujet, d’une lettre qu’elle reçut de son père par le retour du courrier, en réponse à celle qu’elle lui avait écrite. Il lui envoyait ses plus tendres bénédictions et son entière approbation de la démarche qu’elle avait faite, et qui sans doute était une inspiration directe que le ciel lui avait envoyée afin qu’elle devînt un instrument de salut pour une famille prête à périr.

« Si jamais délivrance fut chère et précieuse, disait-il, et si la vie qu’on nous a sauvée peut devenir plus douce et plus agréable, c’est quand elle nous est rendue par les soins de ceux auxquels nous attachent les nœuds du sang et de l’affection. Que votre cœur ne se trouble pas au-dedans de vous, si cette victime, échappée de l’autel sur lequel elle était attachée pour être sacrifiée aux lois humaines, est maintenant chassée des limites de notre pays. L’Écosse est une terre de prospérité pour ceux qui y chérissent la loi chrétienne, c’est une contrée belle à voir et chère à ceux qui y ont passé les jours de leur jeunesse. Et ce judicieux chrétien, le digne John Livingstone, marin de Borrowstounness, dont le fameux Patrice Walker rapporte les paroles, disait avec raison que, bien qu’il pensât parfois, quand il résidait dans le pays, que l’Écosse était une géhenne d’iniquités, cependant, lorsqu’il voyageait parmi d’autres nations, il la regardait comme un paradis, car il trouvait partout le mal qui existait en Écosse, et ne voyait nulle part le bien qui s’y fait. Mais nous devons nous rappeler que l’Écosse, notre terre natale et le pays de nos pères, n’est pas cependant le lieu unique sur lequel la lumière du ciel et celle de l’Évangile brillent exclusivement, laissant le reste du