Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/470

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de n’avoir donné aucune espérance au laird ; il en voulait au laird d’en avoir eu besoin, et enfin il s’en voulait à lui-même de l’humeur qu’il en ressentait.

À son retour, il apprit que l’agent du duc d’Argyle désirait le voir pour terminer les arrangements commencés entre eux. Ainsi, après un moment de repos, il fut obligé de repartir pour Édimbourg, ce qui fit dire à la vieille Mag Hettly que son maître se tuerait de fatigue si cela continuait.

Lorsqu’ils eurent parlé de l’affaire de la ferme, et que tout eut été conclu entre eux, l’homme de loi répondit aux questions que lui adressait Davie Deans sur l’état du culte dans cet endroit, que l’intention du duc était de placer dans la paroisse où il devait faire sa future résidence un jeune ecclésiastique d’une excellente réputation, nommé Reuben Butler.

« Reuben Butler ! s’écria Davie ; Reuben Butler, le sous-maître d’école de Libberton ? — Lui-même, dit l’agent du duc. Sa Grâce a reçu d’excellents renseignements sur son compte, et a d’ailleurs quelques obligations à un de ses ancêtres. D’après les ordres que j’ai reçus, peu de ministres se trouveront dans une position aussi agréable que M. Butler. — Des obligations ! le duc a des obligations à Reuben Butler ? Reuben Butler, un ministre titulaire de l’église d’Écosse ! » s’écria Davie dans un étonnement dont il ne pouvait revenir ; car le mauvais succès que Butler avait eu jusqu’à présent dans toutes ses entreprises, l’avait en quelque sorte fait considérer par Davie comme un de ces enfans envers lesquels la fortune se montre toujours marâtre, et qu’elle finit par déshériter tout à fait.

Il n’y a peut-être pas un moment où nous soyons plus disposés à parler favorablement d’un ami que celui où nous apprenons qu’il tient une place plus haute dans l’estime des autres que nous ne le supposions. Lorsque Davie Deans fut assuré que les affaires de Butler allaient changer de face, il exprima la plus grande satisfaction de l’heureuse perspective oui lui était offerte, et qui, observa-t-il, lui était entièrement due, à lui Davie. « C’est moi, dit-il, qui ai conseillé à sa pauvre grand’mère, qui n’était qu’une femme assez simple, de l’élever pour l’église, et j’ai prédit que, si Dieu bénissait ses efforts, il deviendrait une des colonnes du temple : il est peut-être un peu trop fier de ses connaissances humaines, mais c’est un bon garçon qui possède la vraie doctrine, et en réfléchissant à ce que sont les ministres maintenant, sur