Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/538

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à une foule de pensées confuses, et espérant que la lettre qui allait lui être remise lui donnerait une explication satisfaisante de cette visite, et mettrait un terme à sa perplexité.

Pendant ce temps, la dame continuait de montrer les manières d’une personne d’un rang élevé. Elle admirait les divers points de vue offerts à ses yeux, comme une personne familiarisée avec l’étude de la nature et les plus belles imitations de l’art. À la fin elle remarqua les enfants.

« Voilà deux beaux garçons montagnards : ils sont à vous, madame, je suppose ? »

Jeanie répondit affirmativement. L’étrangère soupira, et soupira de nouveau lorsqu’ils lui furent présentés par leurs noms.

« Venez ici, Phémie, dit mistress Butler, et levez la tête. — Quel est le nom de votre fille, madame ? demanda la dame. — Euphémie, madame, répondit mistress Butler. — Je croyais que l’abréviation ordinaire de ce nom était Effie, » répondit l’étrangère d’un ton qui alla au cœur de Jeanie, car, dans ce seul mot, elle retrouvait plus de sa sœur et il réveillait à lui tout seul plus d’anciens souvenirs que le ton et les manières de la dame n’en avaient fait naître dans son cœur agité.

Lorsqu’ils arrivèrent au presbytère, la dame présenta à mistress Butler la lettre qu’elle avait prise des mains de Knockdunder, et, en la lui donnant, elle lui pressa doucement la main, puis ajouta tout haut : « Peut-être, madame, aurez-vous la bonté de me faire donner un peu de lait ? — Et à moi un verre de mon breuvage ordinaire, s’il vous plaît, mistress Butler, » dit Duncan.

Mistress Butler se retira ; mais elle envoya May Hettly et Davie afin de pourvoir aux besoins de ses hôtes, et se hâta de se renfermer dans sa chambre pour y lire la lettre. Elle était de la main du duc d’Argyle, qui réclamait les soins et les attentions de mistress Butler pour une dame de qualité, amie intime de feu son frère, lady Staunton de Willingham : les médecins lui ayant ordonné le lait de chèvre, elle devait honorer de sa présence le château de Roseneath pendant que son mari faisait un petit voyage en Écosse. Mais sous la même enveloppe, qui avait été donnée à lady Staunton sans être cachetée, était une lettre de cette dame destinée à préparer sa sœur à la recevoir, et que, sans la négligence du capitaine, elle aurait dû recevoir la veille au soir. Elle lui mandait que les nouvelles contenues dans sa dernière lettre avaient paru d’un intérêt si pressant à son mari, qu’il