Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/556

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Butler. Il me semble, monsieur, » dit-elle à sir George, « que vous ferez bien d’avaler le verre entier, car, si je ne me trompe, vous êtes encore plus pâle que lorsque vous êtes entré. »

Effectivement il était devenu excessivement pâle en songeant que celle que son bras venait de soutenir était la veuve de Porteous, cette femme dont il avait si puissamment contribué à causer le veuvage.

« Il y a prescription maintenant pour cette affaire de Porteous, » dit le vieux Saddletree que la goutte retenait dans son fauteuil ; « il y a prescription complète. — Je ne suis pas bien sûr de cela, voisin, dit Plumdamas ; car j’ai entendu dire qu’il fallait vingt ans pour la prescription : or, nous sommes en 51, et l’insurrection Porteous a eu lieu en 37. — Vous ne m’apprendrez pas les lois, voisin, je pense, à moi qui ai quatre procès, et qui, sans ma femme, aurais pu en avoir quatorze. Je vous dis que le chef de la sédition Porteous serait là à la place où est monsieur, que l’avocat du roi n’aurait rien à lui dire. Il y a prescription négative. — Allons, taisez-vous, vous autres, dit mistress Saddletree, et laissez ce monsieur s’asseoir et prendre une tasse de thé tranquillement. »

Mais cette conversation fatiguait extrêmement sir George, et, à sa prière, Butler fit ses excuses à mistress Saddletree et l’accompagna chez lui. Là, il trouva un autre individu qui l’attendait, et qui n’était autre que notre ancienne connaissance Ratcliffe.

Cet homme avait exercé la charge de porte-clefs avec tant de vigilance, d’adresse et de fidélité, qu’il s’était élevé par degrés jusqu’au poste de gouverneur ou capitaine de la prison ; et l’on se rappelle encore aujourd’hui d’avoir entendu dire que les jeunes gens d’alors, qui, dans leurs joyeuses assemblées, recherchaient une société amusante plutôt que choisie, y invitaient quelquefois Ratcliffe pour s’amuser du récit de ses exploits de grand chemin, et des moyens extraordinaires par lesquels il s’était si souvent échappé de prison. Mais il vécut et mourut sans reprendre son ancienne profession, et sans y penser jamais autrement que dans la conversation et le verre à la main.

Il avait été recommandé à Sir George Staunton par un habitant d’Édimbourg, comme capable de lui procurer des renseignements sur Annape Bailzou qui, suivant le prétexte que sir George avait voulu donner à ses recherches, avait, à ce qu’on supposait, enlevé un enfant appartenant à une famille de l’ouest de l’An-