Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/15

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Au cinquième siècle apparaissent dans la Bretagne du nord deux tribus puissantes et distinctes, dont il n’est pas auparavant question dans l’histoire ; ce sont les Pictes et les Scots[1].

Le nom du premier de ces peuples a occasioné, mais inutilement, ce nous semble, beaucoup de controverses. Les Pictes paraissent avoir été cette race de Bretons libres qui, répandus de l’autre côté de la muraille romaine, conservèrent l’habitude de se peindre le corps lorsqu’ils allaient se battre, et étaient, tant par les Romains que par les Bretons leurs tributaires, appelés Hommes Peints ; dénommation qui, appliquée d’abord à des tribus particulières, finit par remplacer tout-à-fait l’ancien nom national de Calédoniens. Ce peuple habitait les côtes orientales d’Écosse, jusqu’au golfe de Forth vers le sud, et jusqu’à l’extrémité de l’île vers le nord. Claudien prouve que ces naturels avaient réellement coutume de se peindre le corps, car on ne peut se méprendre sur la signification de cette phrase : nec falso nomine Pictos, les Pictes dont le nom n’est pas faux, c’est-à-dire n’est pas donné à tort. Il est à peine permis de douter que, quoique descendants des anciens Bretons Calédoniens, et par conséquent Celtes d’origine, les Pictes ne se mêlèrent avec des colons venus du nord, et Goths de nom, de lignage et de langue. Les mœurs vagabondes des Scandinaves rendent ce fait complètement probable.

Les Scots, de leur côté, étaient d’origine Irlandaise ; car, ce qui est une source de grande obscurité ou confusion dans l’histoire ancienne, les habitants de l’Irlande, ou du moins ceux de la caste conquérante et dominatrice, s’appelaient Scots, en d’autres termes Écossais. Une colonie de ces Scots Irlandais, que distingue le nom de Dalriades ou Dalrendini, et qui étaient natifs de l’Ulster, avait de bonne heure tenté un établissement sur la côte de l’Argyleshire ou comté d’Argyle ; ils s’y établirent enfin sous Fergus, fils d’Éric, vers l’année 503, et recrutés par d’autres colons Ulstériens, ils ne cessèrent ni de multiplier ni de s’étendre ; si bien que naquit d’eux une nation qui s’empara de l’ouest de l’Écosse, et qui dans ses accroissements successifs en vint à rencontrer un peuple dont le nom et peut-être l’origine étaient pareils au sien. Ce sont les Attacotti ; ils habitaient le nord du Lanarkshire ou comté de Lanark, ainsi que le district de Lennox, et semblent avoir fini par se confondre avec les Scots.

Ces deux nations libres des Pictes et des Scots, qui peuplaient,

  1. Ce dernier nom est encore aujourd’hui celui des Écossais. a. m.