Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/24

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glorieux pour le prince et pour son peuple que ces guerriers du nord, qui infestaient sans qu’on les en pût empêcher, les rivages de chaque autre contrée d’Europe, et qui avaient établi une dynastie danoise sur le trône d’Angleterre, aient appris par des défaites successives à fuir comme fatales les cités de l’Écosse ; ce fut sans doute la renommée de ses victoires sur les Danois, ainsi qu’une heureuse campagne contre les Saxons, qui valurent à Malcolm une vaste et précieuse augmentation de territoire. Eadulf-Cudel, comte de Northumberland, céda en 1020 au roi d’Écosse le riche district de Lothene ou Lothian, qui comprenait non seulement la totalité des trois provinces maintenant nommées ainsi, mais le Berwickshire, et le bas Teviotdale peut-être jusqu’à Melrose sur la Tweed. La condition de cette cession fut une amitié durable, laquelle semble avoir été plus tard l’origine de l’hommage que les rois écossais rendirent certainement pour ce district du Lothian, aussi bien que pour d’autres possessions en Angleterre, aux souverains de cette contrée.

Malcolm mourut paisiblement en 1033 et eut pour successeur « le gracieux Duncan », le même qui tomba sous le poignard de Macbeth. À la lecture de ces noms, tout lecteur doit éprouver une sensation analogue à celle qu’on éprouve par le passage d’une obscurité profonde au plus vif éclat du jour, tant on est familier avec les personnages dont il vient d’être fait mention ! tant on se rappelle avec clarté et précision les événements qui les concernent, en comparaison surtout des idées si informes et si peu satisfaisantes qu’on parvient à se former sur les temps obscurs qui précédèrent et suivirent cette heureuse période[1]. Mais nous ne devons pas nous laisser aveugler par notre poétique enthousiasme, ni ajouter plus de foi qu’elles n’en méritent à certaines légendes, parce qu’elles ont servi à tracer le tableau de la plus effrayante lutte entre l’ambition et le remords, qui eût jamais le cœur humain pour théâtre. Le génie de Shakspeare, après avoir découvert l’histoire de Macbeth dans les chroniques écossaises d’Holinshed, lui donna un lustre semblable à celui qu’un reflet du soleil prête souvent à un fragment de verre qui, quoique resplendissant de loin de tout l’éclat d’un diamant, se trouve, pour peu qu’on l’examine de près, n’avoir ni valeur ni mérite.

Duncan, petit-fils par sa mère Béatrix, de Malcolm II, monta sur le trône à la mort de son grand-père, en 1033 ; il ne régna

  1. Voir la tragédie de Macbeth, de Shakspeare. a. m.