Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/50

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les prestations féodales avaient d’importance, et moins les conséquences de la forfaiture méritaient d’attention. — Henri ne fut pas encore content, et les insinuations d’un exilé d’Écosse, appelé Binet, l’irritèrent à tel point contre le roi de ce pays, qu’il se décida à envahir son royaume. Alexandre le rencontra à la tête d’une vaillante armée près de Ponteland, dans le Westmoreland, après quoi ils conclurent la paix sans plus de discussions relatives à l’hommage.

Il était clair cependant que la chose touchait de près au cœur du monarque d’Angleterre, et Alexandre II ne fut pas plus tôt mort, que Henri, s’adressant au pape, le pria d’interdire le couronnement solennel d’Alexandre III, jusqu’à ce que lui-même, comme supérieur féodal de l’Écosse, voulût bien y consentir. La noblesse écossaise fut informée de cette prétention, et résolut de hâter la cérémonie. Il s’éleva quelque difficulté pour savoir si on pouvait placer la couronne sur la tête d’un prince qui n’avait pas encore reçu le titre de chevalier, tant l’ordre de la chevalerie était alors regardé comme essentiel, même à la dignité royale ! Comyn, comte de Monteith, suggéra que l’évêque de Saint-André pourrait aussi bien armer le roi paladin, que le couronner ; et on agréa la proposition. On fit prêter à l’enfant les divers serments d’usage en latin et en français normand ; c’était une partie gothique de la cérémonie. Pour que les formes écossaises et celtiques fussent aussi observées, un barde highlandais[1], vêtu d’une robe écarlate et vénérable par la blancheur de sa barbe et de sa chevelure, s’agenouilla devant le jeune roi tandis qu’il était assis sur la pierre consacrée, et comme au couronnement de Malcolm IV, récita une suite de noms composant la généalogie royale, mais qui, par leurs barbares consonances durent ressembler à une invocation de tous les démons de l’enfer.

Le jeune roi fut, peu après son sacre, marié à la princesse anglaise Marguerite, fille de Henri. En vertu d’un tel motif d’intérêt, Henri se mêla officieusement des affaires de l’Écosse, au grand scandale des naturels. Il parvint cependant à se créer au sein du royaume une espèce de parti, mais que plusieurs membres de la régence combattirent avec force ; et diverses luttes eurent lieu dans lesquelles on n’obtint aucune supériorité défi-

  1. Montagnard d’Écosse. Le Highlander ou Highlandais est l’habitant des hautes terres ou montagnes comme le Lowlander ou Lowlandais est l’habitant des basses terres ou près des plaines. a. m.