Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que selon toute vraisemblance, l’usage des clans ait prévalu dans cette contrée frontière, nous ne prétendons pas dire que ceux qui l’habitent aujourd’hui remontent par leur antiquité jusqu’à la période celtique ou bretonne. Leurs noms trahissent une date plus moderne.

Les nations diverses que nous venons d’énumérer avaient toutes une commune origine celtique ; au moins, il est encore à prouver que les Pictes soient autres que les antiques Calédoniens, qui doivent évidemment avoir été Bretons. Leurs mœurs, aussi simples que leur forme de gouvernement, offrent les vices et les vertus d’un état barbare de société. Ils étaient braves, belliqueux et formidables comme troupes légères ; mais, armés de lances extrêmement minces, d’épées lourdes et de boucliers d’acier ou de cuir, ils étaient incapables de soutenir une lutte un peu longue avec les guerriers normands, qui savaient se battre dans les règles, et qui ne marchaient au combat que serrés en bataillons et armés de toutes pièces. Comme d’autres barbares, les tribus celtiques se montraient féroces et cruelles parfois, parfois susceptibles d’une grande douceur et d’une grande générosité. Celles qui habitaient les montagnes vivaient du produit de leurs troupeaux ou de leur chasse. Les tribus qui possédaient quelques champs de terre labourable les cultivaient, sous la direction du chef, dans l’intérêt de la communauté. Comme tous les clans formaient en eux-mêmes une petite nation à part, se piller les uns les autres était une espèce d’occupation guerrière qui n’entraînait aucune idée de honte ; et quand les montagnards venaient chercher butin dans la basse contrée, leur proie était plus riche peut-être et moins vigoureusement défendue que lorsqu’ils attaquaient une tribu des Highlanders, leurs parents. Les Lowlands avaient donc surtout à souffrir de leurs incursions.

Les Pictes, à ce qu’il semble, ne furent pas trop arriérés en agriculture, et connurent un peu l’art de bâtir, ainsi que les arts domestiques, car tels sont les premiers qui se perfectionnent dans les contrées les plus fertiles. Mais les Scots, les Pictes, les Galwégiens, non plus que les Bretons du Strath-Clyde, paraissent n’avoir ni su écrire, ni connu même l’alphabet. Trois ou quatre peuples différents, chacun subdivisé en un nombre infini de clans, de tribus, et de familles, que nul lien commun ne réunissait, ne pouvaient guère former un état indépendant, assez fort pour se maintenir parmi d’autres nations ou défendre ses li-