Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/71

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CHAPITRE VII.


Interrègne. — Causes des infortunes nationales de l’Écosse. — Indifférence des barons normands. — Sir Guillaume Wallace. — Bataille de Sterling. — Wallace nommé régent d’Écosse. — Édouard envahit l’Écosse. — Bataille de Falkirk. — Mort de Wallace.


La soumission unanime d’un peuple brave et fier à un conquérant étranger est trop surprenante pour ne pas mériter quelques remarques, surtout quand elle fut si générale que la plupart des nobles et anciennes familles d’Écosse sont réduites à la nécessité de courir après les noms de leurs ancêtres dans les cinquante-six feuilles de parchemin qui forment la honteuse liste des Écossais qui se soumirent alors à Édouard Ier. Il faut croire que, le plus souvent, des propriétaires, qui ont beaucoup à perdre, sont plus disposés à souffrir la tyrannie et l’invasion que le pauvre paysan qui ne possède que son couteau et sa mante, et dont toute la richesse se compose de sa part individuelle dans la liberté et l’indépendance de la nation. Mais ceci n’explique encore qu’à peine les marques de vacillement et d’apostasie que laisse voir la noblesse de cette époque, époque toute chevaleresque pourtant où l’on se piquait d’estimer si peu la vie, comparée au point d’honneur le plus léger et le plus futile. Les circonstances qui suivent se suggèrent d’elles-mêmes pour l’explication d’un fait si bizarre.

Pendant les guerres civiles, la noblesse d’Écosse en était venue, par l’invariable politique de Malcolm Cean-Morh et de ses successeurs, à ne consister presque absolument qu’en une race étrangère à la contrée ; race que n’y attachait, non plus qu’au peuple, aucun de ces doux liens qui retiennent l’indigène au sol qu’il habite, comme à celui que ses pères ont peut-être habité durant des siècles. Deux ou trois générations n’avaient pas converti des Normands en Écossais ; et, si fidèles que ces émigrés pussent être aux monarques dont ils tenaient leurs fiefs, une telle fidélité ne devait ressembler en rien aux sentiments de tendresse filiale qu’on éprouve, soit pour la terre de sa naissance et pour celle de ses aïeux, soit pour les princes par les pères de qui