Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/171

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de Randal et de sa demande ; et examinant soigneusement sa physionomie, elle remarqua qu’au nom de son parent la colère éclata dans ses yeux. Il la maîtrisa cependant, et, baissant les yeux vers la terre, il écouta attentivement les détails qu’Éveline lui donna sur cette visite, et la demande que fit Randal d’être un des témoins invités à leurs fiançailles.

Le connétable garda un moment le silence, comme s’il cherchait par quel moyen il pourrait éluder cette sollicitation. À la fin il répondit : « Vous ne savez pas pour qui vous sollicitez, sans cela vous vous seriez peut-être abstenue de cette requête : vous n’en connaissez pas toute l’importance, quoique mon artificieux cousin sache bien qu’en lui accordant cette grâce je m’engage encore aux yeux du monde, et ce sera pour la troisième fois, à me mêler de ses affaires, et à le remettre sur un pied qui puisse lui donner le moyen de se réintégrer dans le rang et l’importance qu’il a perdus, et de réparer ses nombreuses erreurs.

— Et pourquoi ne pas le faire, milord ? dit la généreuse Éveline ; si ce sont ses folies seulement qui l’ont perdu, maintenant qu’il est d’âge à ne plus se laisser prendre dans les mêmes pièges, et s’il a de l’honneur et un bon bras, il peut encore rehausser l’éclat de la maison de Lacy. »

Le connétable secoua la tête : « Il a effectivement du cœur et un bras capable d’agir, Dieu le sait, soit en bien, soit en mal ; cependant il ne sera jamais dit que vous, ma belle Éveline, aurez présenté une requête à de Lacy sans qu’il se soit empressé de l’accorder. Randal sera invité à nos fiançailles… il y a d’ailleurs un autre motif pour qu’il y assiste ; car je crains que nous n’y puissions pas avoir notre estimable neveu Damien, dont la maladie, à ce que j’ai appris, augmente au lieu de diminuer, et est accompagnée d’étranges symptômes d’agitation d’esprit, et d’emportements auxquels aucun jeune homme jusque-là n’avait été moins sujet que lui. »