Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/272

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À son retour, Amelot apprit que l’état de son maître était toujours très-inquiétant, et que lady Éveline, quoique épuisée de fatigue, n’avait pas voulu se reposer, mais attendait son arrivée avec impatience. On l’introduisit près d’elle, et, le cœur gros, il lui raconta le résultat infructueux de son expédition.

« Que les saints aient pitié de nous ! dit Éveline ; car on dirait vraiment qu’un fléau s’attache à moi, et s’étend sur tous ceux qui s’intéressent à mon bonheur. Du moment où ils cherchent à me servir, leurs vertus mêmes leur deviennent des pièges ; et ce qui en toute autre circonstance les conduirait à l’honneur, produit la ruine des amis d’Éveline Berenger.

— Ne craignez pas, milady, reprit Amelot ; il y a encore assez de soldats dans le camp de mon maître pour mettre à la raison ces perturbateurs de la paix publique. Je ne resterai que le temps nécessaire pour recevoir les ordres de sir Damien, je partirai demain, et j’emmènerai des forces suffisantes pour rétablir la tranquillité dans cette contrée.

— Hélas ! vous ne savez pas encore tout, reprit Éveline. Depuis que vous êtes parti, nous avons appris comme certain que, dès que les soldats de sir Damien ont su l’accident qui lui était arrivé ce matin, déjà mécontents de la vie inactive qu’ils ont menée dernièrement, et découragés par les malheurs et le bruit de la mort de leur chef, ils se sont dispersés. Néanmoins, prenez courage, Amelot ; cette maison est assez forte pour soutenir une tempête plus violente que celle qui probablement grondera sur nous ; et si tous les soldats abandonnent leur chef blessé et affligé, le devoir d’Éveline Berenger est de défendre et de protéger son libérateur. »







CHAPITRE XXVIII.

guy monthermer.


Que nos fières trompettes ébranlent les murs de leur château et les menacent de mort et de destruction.
Otway.


Les mauvaises nouvelles qui terminent le dernier chapitre furent nécessairement rapportées à Damien de Lacy, comme la personne qu’elles regardaient principalement ; lady Éveline se chargea elle-même de la tâche de les lui communiquer, mêlant ses larmes à ses paroles, puis interrompant ces mêmes larmes pour