Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/291

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que prenaient les choses. Il quitta le château par une poterne dont on lui avait confié la clef, et sans aucun obstacle il se rendit au camp royal, où il demanda audience au roi. Il l’obtint facilement, et Wilkin se trouva bientôt en présence de Henri. Le monarque était dans son pavillon royal avec ses deux fils, Richard et Jean, qui gouvernèrent plus tard le royaume sous des auspices bien différents.

« Qu’y a-t-il ? qui es-tu ? » fut la question du roi.

« Un honnête homme venant du château de Garde-Douloureuse.

— Tu peux être honnête, reprit le souverain ; mais tu sors d’un nid de traîtres.

— Quels qu’ils soient, sire, mon intention est de les mettre à votre disposition royale ; car ils n’ont plus la sagesse de se conduire, et manquent également de prudence pour se défendre et de vertu pour se soumettre. Mais je voudrais d’abord savoir de Votre Grâce quelles conditions vous accorderez à cette garnison.

— Celles que les rois accordent aux traîtres, » dit Henri sévèrement : « des couteaux tranchants et de bonnes cordes.

— Non, mon bon seigneur, vous serez plus clément si le château vous est livré par mes soins ; sans quoi vos cordes et vos couteaux n’auront à travailler que sur mon pauvre corps, et vous serez aussi loin que jamais d’entrer dans le château de Garde-Douloureuse. »

Le roi regarda fixement. « Tu connais, dit-il, la loi des armes ? Tenez, maréchal prévôt, voici un traître, et voilà un arbre !

— Et voici un cou ! » dit le courageux Flamand, déboutonnant le col de son habit.

— Sur mon honneur, dit le prince Richard, voilà un brave et fidèle chevalier ! Il vaudrait mieux envoyer à de pareils gens un bon dîner, et se disputer ensuite à qui aura le château, plutôt que de les affamer comme ces mendiants de Français affament leurs chiens.

— Paix, Richard, dit son père ; ton esprit n’est pas assez mûr, et ton sang est trop vif pour être mon conseiller. Et vous, vassal, que vos conditions soient raisonnables, et nous ne serons pas trop sévère.

— Premièrement, dit Flammock, je demande plein et entier pardon, et assurance de la vie, des membres, du corps et des biens, pour moi Wilkin Flammock et ma fille Rose.