Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/312

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se tenaient respectueusement derrière le siège du roi, dans l’endroit le plus obscur de la salle.

Quand Flammock entra, son embonpoint et ses membres contrastaient singulièrement avec son visage, que la scène dont il avait été témoin et le trouble qu’il éprouvait de se trouver dans la chambre du roi avaient couvert d’une grande pâleur. À côté de lui était son prisonnier, intrépide malgré sa situation. Le sang qui avait jailli de la blessure de sa victime couvrait ses membres nus et ses légers vêtements ; mais son front et son mouchoir en étaient surtout souillés.

Henri le regarda sévèrement ; mais Vidal non-seulement soutint ce regard sans crainte, mais parut y répondre par un autre de défi.

« Quelqu’un connaît-il ce misérable ? » dit Henri regardant autour de lui.

Personne ne répondit tout de suite ; mais Philippe Guarine, sortant du groupe qui se tenait derrière le fauteuil du roi, dit, quoique avec hésitation : « Avec votre permission, sire, sans l’étrange manière dont il est vêtu, je dirais que c’est un ménestrel de la maison de mon maître, nommé Renault Vidal.

— Tu te trompes, Normand, reprit le ménestrel ; ma servitude et ma basse extraction n’étaient que supposées : je suis Cadwallon le Breton, Cadwallon des neufs lais, Cadwallon le premier barde de Gwenwyn de Powysland et son vengeur ! »

Comme il prononçait le dernier mot, ses regards rencontrèrent ceux d’un pèlerin qui s’était peu à peu avancé de l’endroit où était placée la suite, et qui maintenant était en face de lui.

Les yeux du Gallois exprimèrent tellement l’effroi, qu’on aurait dit qu’ils allaient sortir de leur orbite ; puis il s’écria d’un ton de surprise et d’horreur : « Les morts reviennent-ils devant les monarques ? ou, si tu es vivant, qui donc ai-je tué ?… Ce n’est pas un rêve, pourtant, cette attaque et ce coup que j’ai porté !… Cependant ma victime est devant moi !… N’ai-je pas tué le connétable de Chester ?

— Tu as effectivement tué le connétable, reprit le roi ; mais apprends, Gallois, que c’était Randal de Lacy, à qui nous avions donné cette charge ce matin, pensant que notre loyal et fidèle Hugo de Lacy avait été perdu à son retour de la terre sainte, ayant entendu dire que son vaisseau avait fait naufrage. D’ailleurs, tu n’as abrégé que de quelques heures l’élévation momen-