Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 4, 1838.djvu/323

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qu’il ne pourra pas être appelé à remplir ses vaines promesses. Mais si je t’apprenais que ta liberté et tes richesses te sont rendues ; je crois que tu réfléchirais deux fois avant d’accomplir le sacrifice que tu proposes maintenant si aisément.

— Laisse-moi, je te prie, vieillard, dit Damien ; ton âme ne peut comprendre la mienne. Va, et n’ajoute pas à ma douleur par des insultes qu’il m’est impossible de venger.

— Mais si j’avais le pouvoir de te rendre ta liberté et tes richesses, te rappellerais-tu avec plaisir la promesse que tu viens de faire ? Dans ce cas, tu peux être sûr que jamais je ne parlerai de la différence qui existe entre les sentiments de Damien prisonnier et ceux de Damien libre.

— Que veux-tu dire ? ou as-tu quelque autre intention que celle de me tourmenter ? dit le jeune homme.

— Non, » répondit le vieux pèlerin, en tirant de son sein un rouleau de parchemin sur lequel était attaché un lourd cachet. Apprends que ton cousin Randal a été assassiné d’une manière étrange, que ses trahisons envers le connétable et toi ont été découvertes d’une manière aussi étrange, et que le roi, pour te dédommager de tes souffrances, t’envoie ce plein pardon, et te donne le tiers de ces immenses biens, qui, par sa mort, reviennent à la couronne.

— Et le roi m’accorde-il aussi ma liberté ? s’écria Damien.

— Dès ce moment, par conséquent, dit le pèlerin. Regarde ce parchemin, vois la signature et le cachet royal.

— Il faut que j’en aie une meilleur preuve. Ici, » s’écria-t-il en secouant fortement ses fers ; « ici, dogget geôlier, fils d’un chien-loup saxon ! »

Le pèlerin, en frappant à la porte, seconda ses efforts pour appeler le geôlier qui entra enfin.

« Gardien, » dit Damien de Lacy d’un ton sévère, « suis-je ou ne suis-je pas encore ton prisonnier ? »

Le geôlier consulta le pèlerin par un regard, et répondit ensuite à Damien qu’il était libre.

« Alors donc, misérable esclave, » dit Damien avec impatience, « pourquoi ces fers enchaînent-ils les membres libres d’un noble Normand ? Chaque moment qui s’écoule vaut toute la vie d’esclavage d’un serf comme toi.

— Ils seront ôtés bientôt, sir Damien, dit le geôlier ; et je vous prie de prendre patience, en vous rappelant qu’il y a dix minutes