Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nullement que cette scène ait eu lieu, et, dans tous les cas, je crois que, loin de paraître confus, j’aurais été le premier à en rire ; car, dans une semblable circonstance, je n’aurais certainement jamais espéré pouvoir en imposer à Byron ; et, d’après la manière dont il s’exprimait généralement à ce sujet, je savais que son opinion était entièrement formée, et que toute dénégation de ma part n’aurait été regardée par lui que comme une espèce d’affectation. Je ne prétends pas établir que l’incident n’ait pas eu lieu, seulement je doute qu’il se soit passé avec les circonstances rapportées, sans que j’en aie conservé le moindre souvenir. Dans une autre partie du même volume, on rapporte que lord Byron supposait que, si je ne m’étais pas reconnu l’auteur de Waverley, c’est que j’avais été retenu par la crainte que la famille régnante ne trouvât dans cet ouvrage quelque cause de déplaisir. Je dirai seulement, à ce sujet, que cette crainte eût été la dernière que j’aurais pu concevoir ; l’épigraphe mise en tête du premier chapitre l’indique assez. Les victimes de cette époque malheureuse ont été, pendant le dernier règne, et sous le roi actuel, honorées de la pitié et de la protection de la famille régnante, dont la magnanimité peut bien pardonner un soupir et en accorder un elle-même à la mémoire de braves et généreux ennemis, qui, loin d’être conduits par un sentiment de haine, n’avaient tous écouté que la voix de l’honneur.

Pendant que ceux qui avaient des relations intimes avec le véritable auteur n’hésitaient pas à lui attribuer la propriété littéraire de ces productions, des critiques d’un rang élevé cherchaient avec une patience persévérante à découvrir les traits caractéristiques propres à trahir l’origine de ces romans. Au nombre de ces personnes se trouvait un homme également remarquable par la décence et le bon ton de sa critique, par la finesse de son raisonnement et les manières nobles et distinguées qu’il apporta dans ses recherches ; non-seulement il déploya une investigation vraiment extraordinaire, mais encore une pénétration, un esprit, dignes d’un sujet de plus grande importance, et j’ai la presque certitude qu’il rangea de son parti tous ceux qui jugèrent à propos de se livrer à ces recherches. L’auteur ne pouvait se plaindre des lettres[1] qui paraissaient à ce sujet, pas plus que des autres tentatives de même nature, quoiqu’elles missent en danger son

  1. Letters on the author of Waverley, Lettres sur l’auteur de Warerley. Londres, 1822. a. m.