Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/35

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une épée nue ; mais hommes et chevaux étaient aussi silencieux et immobiles que des statues de marbre. Un grand nombre de torches jetaient une lueur sombre dans la salle où les voyageurs étaient entrés ; et comme celles du calife Vathek, cette salle était d’une vaste dimension. Cependant ils arrivèrent à sa partie supérieure ; là on apercevait sur une table antique une épée et un cor.

« Celui qui fera résonner ce cor, et qui dégainera cette épée, dit l’étranger, donnant alors à entendre qu’il était le fameux Thomas de Hersildoun, deviendra, si le courage ne lui manque, roi de toute l’immense Bretagne. Ainsi parle la langue qui ne mentit jamais. Mais tout dépend du courage et du premier choix que l’on fera entre le glaive et le cor. »

Dick était bien disposé à prendre l’épée, mais son caractère naturellement hardi était abattu par les terreurs surnaturelles que lui inspirait ce séjour ; il pensait, d’ailleurs, qu’en commençant par tirer l’épée, il pourrait offenser les pouvoirs de la montagne, qui attribueraient peut-être son action à un sentiment de défiance. D’une main tremblante il prit le cor, et fit entendre un son faible mais assez élevé pour produire une réponse terrible. Le tonnerre roula dans la salle immense avec un épouvantable fracas ; les chevaux et les hommes tressaillirent et s’animèrent ; les coursiers hennirent, frappèrent du pied, rongèrent leurs mors et relevèrent la tête ; les guerriers s’avancèrent, agitant leur armure et brandissant leurs épées. La terreur de Dick fut extrême à la vue de cette armée auparavant silencieuse comme le tombeau, se disposant, avec un tumulte horrible, à se précipiter sur lui. Il lâcha le cor, et s’efforça, mais faiblement, de saisir le glaive enchanté ; au même instant une voix éclatante fit entendre ces paroles mystérieuses :

Malheur au lâche, si jamais
Il en a paru sur la terre,
Qui ne prend pas le cimeterre
Avant l’âpre cor des forêts !

Ces mots étaient à peine prononcés que des hurlements horribles se firent entendre dans toutes les parties de la salle, et qu’une force irrésistible saisissant avec vigueur l’infortuné maquignon, le porta à l’entrée de la caverne, et le précipita sur une espèce d’éminence formée de pierres détachées, et où les bergers le trouvèrent le lendemain matin. Le souffle de la vie n’était pas encore