Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 5, 1838.djvu/47

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suite, et l’intérêt de la chasse n’existant plus, on témoigna quelque surprise de ne voir paraître ni Saint-Clerc ni sa sœur. Lord Boteler ordonna que les cors sonnassent de nouveau, espérant pouvoir rassembler ainsi ceux qui se trouvaient écartés ; et s’adressant à Fitzallen : « Il me semblait, dit-il, que Saint-Clair, militaire distingué, aurait montré plus d’ardeur pour la chasse. »

« Je crois connaître le motif de l’absence du noble lord, répondit Peter Lanaret ; lorsque cet imbécile de Grégoire excitait les chiens à poursuivre le jeune daim et galopait après eux comme un fou, épithète qui lui convient en effet, je vis le palefroi de lady Emma suivre en toute hâte les traces de ce valet qui devrait être roué de coups pour avoir devancé la chasse. Je pense donc que son noble frère ne l’a point quittée, dans la crainte de la voir exposée à quelque danger. Mais j’aperçois Grégoire près de la croix, il pourra répondre lui-même. »

En effet Grégoire entrait en ce moment au milieu du cercle formé autour du daim ; il était hors d’haleine, sa figure était couverte de sang. Il se borna pendant quelque temps à prononcer les cris inarticulés de « Harow ! » et « Wellaway ! » et d’autres exclamations de détresse et de terreur, et pendant tout ce temps il montrait un taillis, à quelque distance du lieu où le daim avait été tué.

« Sur mon honneur, dit le baron, je désirerais bien savoir qui a osé arranger ce pauvre diable de cette manière. »

Grégoire, qui venait enfin de retrouver un peu de respiration, s’écria : « Au secours ! Si vous êtes des hommes, au secours ! Ah ! sauvez lady Emma et son frère qu’on assassiné dans le bois de Brocken. »

À ces mots tout le monde se mit en mouvement. Lord Boteler ordonna aussitôt à une petite troupe de ses gens de demeurer pour la défense des dames, tandis que lui-même, Fitzallen et le reste de la troupe se dirigeraient en toute hâte vers le taillis, guidés par Grégoire, qui monta à cet effet derrière Fabian. S’avançant par un sentier étroit, le premier objet qu’ils rencontrèrent fut un homme de petite taille, couché sur la terre, accablé et presque étranglé par deux chiens que l’on reconnut presque immédiatement pour ceux qui avaient accompagné Grégoire. Un peu plus loin était un espace ouvert où gisaient les corps de trois hommes morts ou blessés ; près d’eux était lady Emma ; la vie semblait l’avoir abandonnée ; enfin son frère et un jeune garde-chasse,