Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/100

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bliques. Ce n’est pas demain matin, Dieu me protège ! car c’est dimanche ; mais lundi, le premier jour ouvrier. Tous les meubles seront mis en vente en même temps. C’est l’opinion de toute la contrée que la vente a été honteusement forcée, lorsqu’il y a si peu d’argent comptant en circulation en Écosse, à cause des chances de la guerre avec l’Amérique, et qu’il y a quelqu’un qui veut avoir la terre à bon compte. Le diable soit d’eux, de me forcer à parler ainsi ! » L’indignation de la bonne dame s’allumait à la seule supposition de l’injustice.

« Et où la vente se fera-t-elle ? — Sur les lieux, comme le disent les affiches, à la maison d’Ellangowan : c’est ainsi que je l’entends, monsieur. — Et qui est-ce qui donne connaissance des titres, des revenus et du plan ? — Un homme très honnête, monsieur, le substitut du shérif de ce comté, délégué par la cour des sessions. Il est justement dans le village aujourd’hui : si Votre Honneur veut le voir, il pourra vous en dire sur la perte de l’enfant plus que tout autre, car le shérif-député (qui est au-dessus de lui) s’est donné beaucoup de peine pour découvrir la vérité de cette affaire, comme je l’ai entendu dire. — Et le nom de ce gentleman est ?… — Mac-Morlan, monsieur ; c’est un homme qui a du caractère et dont on dit du bien. — Faites-lui présenter mes compliments, les compliments du colonel Mannering ; ajoutez que je serais charmé qu’il voulût bien venir souper avec moi, et apporter tous les papiers relatifs à ce domaine. Je vous prie en outre, ma bonne dame, de ne parler de cela à aucune autre personne. — Moi, monsieur ! je n’en dirai jamais un mot. Je souhaite que Votre Honneur (elle fit une révérence), un honorable gentleman qui a combattu pour son pays (une autre révérence), achète la terre, puisque la vieille famille ne peut la conserver (un soupir), plutôt que ce vil coquin de Glossin, qui s’est élevé sur les ruines du meilleur ami qu’il ait jamais eu. Et maintenant que j’y pense, je vais mettre mon capuchon et mes patins, et j’irai moi même chez M. Mac-Morlan ; il est chez lui maintenant : il y a à peine un pas d’ici. — Allez, ma bonne dame, allez ; mille remercîments ! et dites à mon domestique de monter et de m’apporter en même temps mon portefeuille. »

En une ou deux minutes le colonel Mannering fut tranquillement assis devant une table avec tout ce qu’il lui fallait pour écrire. Nous avons le privilège de regarder par dessus son épaule pendant qu’il écrit, et nous communiquerons volontiers à nos lecteurs ce que nous apprenons ainsi. La lettre était adressée à Arthur