Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

donc en partie cette invitation cordiale, et promit de passer une semaine à Charlies-Hope.

Ils retournèrent à la ferme, où la ménagère avait préparé un copieux déjeuner. En apprenant la partie de chasse au renard, elle s’écria d’un ton qui ne marquait pas l’approbation, mais aussi sans surprise et sans alarme : « Dandie ! vous êtes toujours le même, et vous ne serez prudent que lorsqu’on vous aura rapporté chez vous les pieds en avant.

— Bah, folle ! répondit Dandie, vous savez bien qu’après toutes mes courses, je ne vaux pas une épingle de moins. »

À ces mots il engagea Brown à se hâter de déjeuner, parce que pendant le dégel le fumet du gibier ne resterait qu’un moment.

Ils se mirent donc en route pour Otterscope-Scaurs ; le fermier conduisait la marche. Ils quittèrent bientôt la petite vallée et s’enfoncèrent dans des collines très escarpées, mais sans précipices. Leurs flancs présentaient souvent des ravines qui pendant l’hiver, ou après une grande pluie, servaient de lit à des torrents impétueux. Quelques brouillards couvraient encore le sommet des montagnes : c’était le reste des nuages du matin, car une petite pluie avait fait fondre la gelée. À travers ces nuages floconneux on voyait, comme à travers un voile, cent ruisseaux ou petits torrents descendre des montagnes et sillonner leurs flancs comme des fils argentés. Dinmont trottait avec une confiance intrépide par des sentiers accessibles seulement aux bestiaux ; enfin ils arrivèrent près du lieu de rendez-vous, aperçurent d’autres personnes, soit à pied, soit à cheval, et qui s’y dirigeaient également. Brown avait de la peine à concevoir comment on pouvait chasser le renard dans des collines impraticables pour un poney habitué à la plaine, et où le cavalier qui s’écarterait du sentier seulement de la moitié de la largeur d’un yard, s’exposait à être enseveli dans une fondrière, ou à tomber du haut des rochers : son étonnement ne diminua pas lorsqu’il fut arrivé sur le lieu de l’action.

Après avoir gravi une pente longue et rapide, ils se trouvèrent au sommet d’une montagne qui dominait un vallon très profond et très étroit. Les chasseurs s’étaient rassemblés avec un attirail qui aurait choqué un membre de Pychely hunt[1] ; car l’objet de leur réunion étant la mort d’un animal nuisible et destructeur, autant que le plaisir de la chasse, le pauvre renard aurait moins d’avantages que lorsqu’il était poursuivi dans une plaine. Cependant la force

  1. Société de chasseurs. a. m.