Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/189

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Notre voyageur allait à tâtons le long de l’enclos d’où partait la lumière, pour trouver quelque moyen d’en approcher ; enfin, après quelques minutes de marche, il trouva une ouverture dans une haie et un sentier qui traversait la plantation, très étendue en cet endroit. Ce sentier paraissait se diriger vers la lumière qui était l’objet de ses recherches, et Brown marcha dans cette direction ; mais bientôt elle fut masquée par des arbres. Le sentier, qui, à l’entrée du bois à travers lequel il serpentait, paraissait large et bien tracé, devenait alors à peine visible, quoique la blancheur de la neige projetât un léger reflet de lumière. Se dirigeant donc du mieux qu’il put dans les parties les moins fourrées du bois, il fit un mille environ sans découvrir de nouveau la lumière ou rien qui ressemblât à une habitation. Néanmoins il crut qu’il valait mieux encore avancer toujours dans la même direction : la lumière qu’il avait aperçue, trop transparente pour être un feu follet, devait sûrement partir de la hutte d’un garde forestier. Le terrain finit par devenir raboteux, et formait une pente rapide ; Brown, pensant suivre ce qui avait été du moins autrefois un sentier, maintenant très inégal, fit une ou deux chutes occasionnées par des inégalités du sol que la neige l’empêchait d’apercevoir, ce qui le décida à retourner sur ses pas : d’ailleurs la neige à laquelle, dans son impatience, il n’avait pas fait attention, tombait plus épaisse et avec plus de rapidité.

Cependant il voulut tenter un dernier effort et avança encore quelques pas : à sa grande satisfaction, la lumière reparut à une petite distance, et il jugea qu’elle était de niveau avec lui. Cette dernière conjecture était fausse, car le chemin continuait à descendre si rapidement, que Brown pensa bientôt qu’il y avait un grand creux ou un ravin entre lui et l’objet de ses recherches. Marchant donc avec plus de précaution encore, il descendit jusqu’au fond, d’un vallon escarpé et très étroit à travers lequel serpentait un petit ruisseau dont le cours était presque arrêté par la neige, et se trouva enfin au milieu des ruines de chaumières dont les poutres noircies, rendues plus visibles par le contraste de la surface blanchie de la terre, étaient encore debout. Les murs des côtés avaient depuis long-temps cédé aux ravages du temps, et entassés en monceaux informes que couvrait la neige, ils arrêtaient à chaque pas notre voyageur. Il ne se rebuta pourtant pas, traversa le ruisseau après plusieurs tentatives pénibles et dangereuses, atteignit le côté opposé, malgré son escarpement, et se trouva enfin devant le bâtiment d’où partait la lumière.