Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/242

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les recherches les plus minutieuses n’auraient pu faire découvrir l’entrée de la caverne, à moins qu’on ne l’eût débarrassée de tout ce qui l’obstruait. Enfin, pour plus de sûreté encore, les contrebandiers qui fréquentaient cette retraite, après y être entrés, bouchaient l’ouverture avec de la mousse de mer desséchée et bien foulée, qui avait l’air d’avoir été apportée là par le flot. Dirk Hatteraick n’avait pas oublié cette précaution.

Tout hardi et résolu qu’il fût, Glossin sentit son cœur palpiter et ses genoux agités d’un tremblement convulsif quand il se prépara à entrer dans ce repaire secret d’iniquité, pour avoir une conférence avec un brigand qu’il regardait à juste titre comme l’un des hommes les plus déterminés et les plus redoutables qu’il y eût au monde. « Mais il n’a point d’intérêt à me faire du mal, » se dit-il en lui-même pour se rassurer ; néanmoins il examina ses pistolets de poche avant de dégager l’ouverture de la caverne, où il entra en se traînant sur les mains et sur les genoux. Le passage était d’abord bas et étroit, et on ne pouvait y pénétrer qu’en rampant ; quelques pas plus loin il se changeait en une voûte très haute d’une largeur prodigieuse. Le sol, qui s’élevait graduellement, était couvert du sable le plus fin. Avant que Glossin se fût redressé, la voix rauque quoique à demi comprimée d’Hatteraick retentit dans les profondeurs de la caverne.

« Grêle et tonnerre ! est-ce vous ? — Vous êtes dans les ténèbres ? — Diable, oui : où aurais-je donc pris de la lumière ? — J’ai apporté ce qu’il faut, » dit Glossin en tirant de sa poche une boîte à briquet ; et il alluma une petite lanterne.

« Il faut que vous allumiez aussi un peu de feu, car le diable m’emporte si je ne suis pas tout gelé ! — En effet, il fait très froid ici, » répondit Glossin en réunissant quelques douves à demi brisées et d’autres morceaux de bois qui étaient peut-être dans la caverne depuis qu’Hatteraick y était venu pour la dernière fois.

« Froid ! pluie et grêle ! c’est une perdition… je serais mort de froid, si je n’avais arpenté de long en large cette maudite voûte, et si je ne m’étais rappelé les joyeux moments que nous avons passés ici. »

La flamme commença à jeter une lueur éclatante à travers l’obscurité, et Hatteraick approcha sa figure bronzée et ses mains dures et nerveuses au-dessus du feu avec autant d’avidité qu’un misérable affamé à qui l’on présente de la nourriture. La lumière éclairait ses traits sauvages et sombres, et la fumée qu’il supportait