Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/251

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et, s’avançant vers le colonel, il dit qu’il espérait que sa présence n’avait pas dérangé ces dames ; celui-ci, d’un ton froid et sec, lui répondit qu’il ne savait pas ce qui lui procurait l’honneur de voir monsieur Glossin.

« Hem ! hem ! J’ai pris la liberté, colonel, de venir voir miss Bertram, pour lui parler d’affaires. — Si vous pouvez faire cette communication à M. Mac-Morgan, son homme de confiance, je crois que miss Bertram le trouvera plus agréable. — Je vous demande pardon, répliqua Glossin ; vous êtes un homme instruit, et vous n’ignorez pas qu’il y a des circonstances où il est plus prudent de ne pas employer d’intermédiaire. — Alors, si monsieur Glossin veut prendre la peine d’exposer dans une lettre l’objet de sa visite, je puis lui promettre que miss Bertram la lira avec toute l’attention nécessaire. — Certainement ! mais il y a des cas où une conférence de vive voix… Hem ! je m’aperçois… je sais que le colonel Mannering est sous l’influence de préjugés qui peuvent lui faire considérer ma démarche comme déplacée ; mais je m’en rapporte à son équité naturelle : doit-il refuser de m’entendre, avant même de connaître le motif qui m’amène ici et sans savoir de quelle importance mes communications peuvent être pour la jeune dame qu’il honore de sa protection ? — Assurément, monsieur, telle n’est point mon intention : je vais consulter miss Bertram, et j’informerai monsieur Glossin de sa réponse, s’il veut bien prendre la peine de l’attendre un moment. » Et il sortit.

Glossin était resté debout au milieu de l’appartement : le colonel n’avait pas fait le moindre geste pour l’inviter à s’asseoir, et lui-même, à la vérité, s’était tenu debout pendant leur court entretien. Quand il fut sorti, Glossin prit une chaise et s’assit d’un air qui tenait le milieu entre l’embarras et l’effronterie. Ses deux compagnons gardaient le silence ; blessé de cette affectation de mépris, il voulut les forcer à le rompre.

« Une belle journée, monsieur Sampson… »

La réponse inarticulée de Dominie pouvait passer pour une affirmation ou pour un murmure d’indignation.

« Vous ne venez jamais voir vos anciennes connaissances à Ellangowan ? vous y trouveriez encore beaucoup des vieux tenanciers. Je porte trop de respect aux anciens propriétaires, pour chasser les vieux fermiers, même sous prétexte d’augmenter mon revenu. D’ailleurs ce ne sont pas là mes manières d’agir. Je n’aime pas… Je crois, monsieur Sampson, que l’Écriture condamne ceux qui