Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/265

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Charlies-Hope et Dawston-Cleugh. Maintenant, moi je dis que la ligne de démarcation se dirige vers le haut de la montagne, entre le midi et le couchant ; mais Jack de Dawston-Cleugh prétend le contraire, et dit qu’elle est terminée par l’ancienne route qui va par Knot-Gate à Keeldar-Ward, et cela fait une grande différence. — Et quelle différence cela fait-il ? combien pourrait-on y nourrir de moutons ? — Oh ! pas beaucoup, répliqua Dandie en se grattant la tête, c’est situé bien haut et mal exposé ; ça peut nourrir un mouton, ou deux peut-être dans une bonne année. — Et pour ce pâturage, qui peut valoir cinq schellings par an, vous voulez jeter par la fenêtre une centaine de livres, le double peut-être ? — Oh ! monsieur, ce n’est pas pour la valeur de l’herbage, c’est pour la justice. — Mon bon ami, la justice, comme la charité, commence par soi-même. Ne soyez pas injuste envers votre femme et vos enfants, et ne pensez plus à cette affaire-là. »

Dinmont ne s’en allait pas, il tournait son chapeau dans ses mains. « Ce n’est pas cela, monsieur, mais je ne veux pas que Jack se moque de moi. Je pense qu’il produira vingt témoins, et davantage encore ; mais je suis sûr qu’au moins autant déposeront pour moi, tous gens qui ont vécu, de leur temps, à Charlies-Hope, et qui ne voudront pas que la ferme perde ses droits. — Peste ! dit le jurisconsulte, c’est un point d’honneur ; mais pourquoi les deux propriétaires n’interviennent-ils pas ? — Je ne sais pas, monsieur (en se grattant de nouveau la tête), si l’élection s’est passée dernièrement sans aucun tapage ; mais les lairds sont grands amis, et, quoi que nous fassions, Jack et moi, nous ne pouvons les décider à plaider l’un contre l’autre. Mais si vous pensiez qu’on puisse suspendre le paiement de la rente ? — Non, non, cela ne se peut ! Que le ciel vous confonde ! prenez de bons gourdins, et arrangez l’affaire entre vous. — Bah ! monsieur, c’est ce que nous avons fait déjà trois fois, deux fois sur la place, et une fois à la foire de Lockerby ; mais nous avons été toujours de forces égales, et la question n’a pas été décidée ! — Alors prenez de bonnes lames, et allez-vous-en au diable, comme vos pères l’ont fait avant vous. — Enfin n’importe, si vous ne croyez pas l’affaire contraire à la loi, entamez-la : en arrivera ce qui pourra. — Allons, allons ! dit Pleydell, nous allons voir une seconde fois la méprise de lord Soulis. Écoutez-moi, mon ami, faites attention à ce que je vous dis : voyez pour quelle ridicule et insignifiante bagatelle vous allez vous engager dans un procès. — Oui, monsieur, oui ; ainsi vous ne voulez