Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/277

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taire, furent aussi découverts ; puis un tas de pièces de monnaie de différentes espèces, des débris de bijoux d’or et d’argent, de vieilles boucles d’oreilles, des tabatières brisées, des montures de lunettes. Mais aucun testament ne paraissait encore ; et le colonel Mannering commençait à espérer que celui remis par Glossin contenait les dernières dispositions de la vieille dame : son ami Pleydell, qui entrait en ce moment, l’engagea à ne se point abandonner à cette agréable pensée.

« Je connais, dit-il, celui qui dirige les recherches, et je parierais à son air qu’il en sait plus long qu’aucun de nous. »

Tandis qu’on s’occupe à fouiller dans tous les coins de la maison de mistress Singleside, jetons un coup d’œil rapide sur une ou deux des personnes de la compagnie qui paraissaient le plus intéressées.

De Dinmont, inutile d’en parler : son fouet sous le bras, il avance sa grosse face ronde par-dessus l’épaule de l’homme d’affaires. Ce petit vieillard maigre et ratatiné, avec un habit noir complet fort propre, c’est Mac-Casquil : j’aurais dit, il y a quelque temps, Mac-Casquil de Drumquag ; mais il a été ruiné par un legs à son profit de deux actions de la banque d’Ayr. Ses espérances dans la présente succession sont fondées sur une parenté quoique très éloignée, sur le soin qu’il avait, le dimanche à l’église, de se placer dans le même banc que la défunte, sur la complaisance qu’il mettait à faire régulièrement sa partie tous les samedis soir, se gardant bien de jamais gagner. Cet autre, dont les cheveux gris sont enfermés dans une bourse de cuir plus grise encore, et qui a l’air passablement commun, est un marchand de tabac qui, possédant une grande quantité de cette denrée au moment où éclata la guerre contre les colonies, en tripla le prix pour tout le monde, miss Bertram seule exceptée. Chaque semaine la tabatière d’écaille de la dame était remplie de tabac râpé, première qualité, à l’ancien prix, parce que sa servante, qui faisait cette commission, était toujours chargée des compliments de mistress Bertram pour son cousin, M. Quid. Ce jeune homme, qui n’a pas même eu la décence de quitter ses bottes et sa culotte de peau de daim, aurait pu, comme tout autre, gagner les bonnes grâces de la vieille dame, à qui un joli garçon ne déplaisait pas ; mais on pense qu’il a manqué sa fortune en négligeant de se rendre chez elle quand il était invité à prendre le thé, ou en s’y présentant quelquefois après avoir dîné en trop joyeuse compagnie ; enfin, deux fois il marcha sur la