Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/316

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leur parler, le jeune Hazlewood a pris son fusil des mains du domestique, m’a couché en joue, en m’ordonnant du ton le plus insolent de retourner sur mes pas. Ne voulant ni obéir à un pareil commandement, ni lui laisser le moyen d’user envers moi de violence quand il semblait disposé à le faire si légèrement, je me suis jeté sur lui pour le désarmer ; c’est au moment où je venais d’y parvenir que le hasard fit partir la détente, et qu’à mon grand regret le jeune homme fut puni plus sévèrement que je ne l’avais désiré ; j’apprends du reste avec satisfaction que sa vie ne court aucun danger, quoiqu’il n’ait reçu que le juste châtiment d’une insolence que je n’avais pas provoquée. — Ainsi, monsieur, dit le baronnet dont le visage annonçait l’orgueil blessé ; ainsi, monsieur, vous reconnaissez, monsieur, que votre projet, monsieur, votre intention, monsieur, votre but et votre projet, monsieur, étaient, dans cette attaque soudaine, de désarmer le jeune Hazlewood d’Hazlewood de son fusil, monsieur, de sa carabine, de son mousquet, enfin de son arme à feu, monsieur, sur le chemin du roi, monsieur… Je crois que cela suffit, mon digne voisin, et qu’on peut le faire conduire en prison. — Vous pouvez en décider bien mieux que moi, sir Robert, dit Glossin avec ses manières insinuantes ; mais permettez-moi de vous rappeler que vous aviez un mot à dire sur ces contrebandiers. — C’est vrai, mon cher monsieur… Et de plus, vous, monsieur Van Beest Brown, qui vous dites capitaine au service de Sa Majesté, vous n’êtes ni plus ni moins qu’un misérable lieutenant de contrebandiers. — Monsieur, dit Bertram, votre âge, les étranges préventions sous l’influence desquelles vous me paraissez être, m’empêchent seuls de répondre comme le mériterait un pareil langage. — Mon âge, monsieur ! d’étranges préventions, monsieur ! s’écria sir Robert rouge d’indignation. Je proteste et déclare… Mais, monsieur, avez-vous des papiers, des lettres qui puissent prouver votre prétendu rang, votre état, votre condition ? — Non, pas pour le moment, monsieur ; mais par le retour d’un courrier ou deux… — Et comment se fait-il, monsieur, si vous êtes capitaine au service de Sa Majesté, que vous voyagiez en Écosse sans recommandations, sans lettres de créance, sans bagages, sans rien qui annonce votre prétendu rang, votre état, votre condition, comme je l’ai déjà dit ? — Monsieur, j’ai eu le malheur d’être volé, de perdre mes hardes et mon bagage. — Oh, oh ! alors vous êtes le voyageur qui a pris une chaise de poste à… pour Kippletringan ; vous avez planté le postillon au milieu de la