Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/330

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tune, mon cher ami, » dit Bertram en se levant et en lui serrant cordialement la main… « voilà tout. — Mais qu’y a-t-il à faire ? que peut-on faire pour vous ?… Est-ce pour dettes ? enfin, pourquoi ? — Oh ! ce n’est pas pour dettes ; mais si vous avez le temps de vous asseoir, je vous conterai tout ce que je sais moi-même de mon aventure. — Si j’ai le temps ! » répliqua Dandie en appuyant sur ces mots d’un ton presque mécontent… « Que le diable m’emporte, camarade, si ce n’est pas pour savoir tout ce qu’il en est que je viens ici !… Ah çà ! vous ne serez pas fâché de manger un morceau, je pense, car il commence à se faire tard… J’ai dit aux gens de l’auberge où j’ai laissé Duraple de m’envoyer mon souper ici, et ce brave Mac-Guffog y consent… J’ai arrangé tout cela… Et maintenant contez-moi votre histoire… À bas, Wasp, mon garçon ! Comme cette pauvre bête est contente de vous voir ! »

Bertram lui conta son aventure en peu de mots ; elle se bornait à la blessure du jeune Hazlewood, et à l’erreur par suite de laquelle on le prenait pour un des contrebandiers qui avaient pris part à l’attaque de Woodbourne.

« Eh bien ! dit Dinmont après avoir écouté attentivement, l’affaire n’est pas encore si mauvaise… Votre homme est bienheureux d’en être quitte à si bon marché ! Deux ou trois grains de plomb dans l’épaule, voilà-t-il pas une belle affaire ? Si vous lui aviez crevé un œil, à la bonne heure… Ah, diable ! combien je voudrais que notre vieux shérif Pleydell fût encore ici !… Ah, ah ! c’est un gaillard qui les ferait joliment aller, et leur parlerait ferme. Il n’y en a pas deux comme lui ! — Mais dites-moi donc, mon excellent ami, comment avez-vous pu savoir que j’étais ici ? — Ah, ah, mon garçon ! assez drôlement ; mais je vous dirai cela après souper, car il ne serait peut-être pas trop bon d’en parler avant que ce gros tonton de servante ait fini ses allées et venues. »

La curiosité de Bertram devint un peu moins vive à la vue du souper qu’avait commandé son ami. Quoiqu’il ne fût pas des plus succulents, il avait au moins cette propreté appétissante que n’avaient nullement les ragoûts de mistress Mac-Guffog. Dinmont, après avoir dit qu’il avait galopé tout le jour, depuis son déjeuner, sans prendre grand’chose (c’est-à-dire environ trois livres de mouton froid qu’il avait avalées pendant que son cheval dînait), Dinmont tomba à belles dents sur le festin, et, comme un des héros d’Homère, ne lâcha pas un mot avant d’avoir apaisé sa soif