Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 6, 1838.djvu/78

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pour une heure, Ellangowan ; préparez le bowl de punch et une grande quantité de citrons. Je vous apporterai la marchandise française en revenant, et nous boirons à la santé du jeune laird un bowl où pourrait flotter la yole du collecteur. » À ces mots il monta à cheval et partit au galop.

Environ à un mille du château et sur la lisière des bois qui couvraient, comme nous l’avons dit, le promontoire terminé par la pointe de Warroch, Kennedy rencontra le jeune Henri Bertram, accompagné de son précepteur Dominie Sampson. Il avait souvent promis à l’enfant de le faire monter sur son galloway ; et comme il chantait, dansait et faisait le polichinelle pour l’amuser, il était son grand favori. L’enfant ne l’eut pas plus tôt vu gravissant le sentier, qu’il réclama à grands cris l’exécution de sa promesse ; et Kennedy, qui ne voyait point de danger à le satisfaire, et qui de plus voulait tourmenter Dominie, sur la figure duquel il lisait une remontrance, souleva de terre Henri, le plaça devant lui et continua sa route. Le — par aventure, monsieur Kennedy, — de Sampson se perdit dans le bruit du galop du cheval. Le pédagogue hésita un moment s’il devait les suivre ; mais, comme Kennedy avait la confiance entière de la famille, et que lui Sampson ne se souciait pas d’aller dans sa société, parce qu’il se livrait à des plaisanteries profanes et bouffonnes, il continua sa promenade du même pas, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à la Place d’Ellangowan.

Les spectateurs qui étaient sur les ruines du vieux château regardaient encore le sloop de guerre, qui, à la fin, mais après une perte de temps considérable, gagna le large, doubla la pointe de Warroch, et disparut à leurs yeux derrière les bois qui couvraient ce promontoire. Quelque temps après on entendit plusieurs coups de canon dans le lointain, et puis une explosion plus forte, comme celle d’un vaisseau qui saute, et l’on vit un nuage de fumée s’élever au-dessus des arbres et se mêler au firmament. Les spectateurs se séparèrent, augurant différemment du sort du lougre, mais la plus grande partie persuadée que sa capture était inévitable, s’il n’était pas déjà coulé à fond.

« Il est bientôt l’heure de dîner, mon ami, dit mistriss Bertram à son mari ; M. Kennedy sera-t-il long-temps à revenir ? — Je l’attends à chaque minute, ma chère ; peut-être amènera-t-il avec lui quelques officiers du sloop. — Mon Dieu ! monsieur Bertram ! pourquoi ne pas me dire cela plus tôt ? j’aurais fait mettre la grande table ronde. Et puis ils sont las de viandes salées, et à vous dire