Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/117

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de sir Arthur et de ma belle ennemie ; c’est une politesse que nous leur devons, et puis…

— Je vous demande pardon, mon cher monsieur ; mais peut-être feriez-vous mieux de retarder votre visite jusqu’après demain ; je ne suis qu’un étranger et…

— Par cette raison vous êtes tenu à plus de politesse, à mon avis. Mais je vous prie de m’excuser si je me sers d’un mot qui ne convient peut-être qu’à un amateur d’antiquités. Je suis de la vieille roche, moi,

« De ce bon temps où, pleins d’ivresse,
Les jeunes gens, dans leur tendresse,
Volaient de comtés en comtés
Pour obtenir avec simplesse
Un seul regard de ces beautés
Dont au bal leur noble souplesse
Guidait les pas précipités ;
Et s’assurer, malgré la brume,
Que depuis lors ces déités
N’avaient point attrapé de rhume. »

— Eh bien ! si… si vous croyez que ce soit une chose de droit… Mais je crois que je ferai mieux de rester,

— Allons, allons, mon bon ami, je ne suis pas non plus dans le cas d’insister sur une chose qui peut vous être désagréable. Il suffit, pour que j’y renonce, que j’appréhende quelque remora, quelque motif de répugnance, quelque obstacle dont je n’ai pas le droit de m’informer ; peut-être êtes-vous encore fatigué ? Dans ce cas je vous promets que je trouverai le moyen d’occuper votre esprit sans fatiguer vos jambes. Je ne suis pas partisan moi-même d’un exercice violent ; une promenade dans le jardin une fois par jour, est tout autant qu’il en faut pour tout être pensant ; il n’y a qu’un sot ou un chasseur qui en demande davantage. Voyons, par où commencerons-nous ? par mon Essai sur l’art des campemens ? Non, je réserve cela pour notre cordial de l’après-midi : je vous montrerai plutôt la controverse entre Mac Cribb et moi sur les poèmes d’Ossian. Je tiens pour le pénétrant adversaire orcadien, lui pour les partisans de l’authenticité. La dispute a commencé en termes polis et doucereux ; mais à mesure que nous avançons, la vivacité et l’aigreur s’en mêlent ; elle tient déjà tant soit peu du style du vieux Scaliger. Je crains que mon adversaire ne vienne à découvrir cette histoire d’Ochiltree ; mais, au pis aller, j’ai ma réplique toute prête au sujet de cette disparition de l’Antigone. Je vais vous montrer