Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 7, 1838.djvu/42

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« Cela vous fait rire, dit le propriétaire de la collection, et je vous excuse. J’avoue que les charmes qui font nos délices ne frappent pas autant les yeux de la jeunesse que ceux d’une jolie femme ; mais vous deviendrez plus sage et vous verrez plus juste quand vous en serez à porter lunettes… Cependant, attendez, j’ai encore un morceau d’antiquité que peut-être vous estimerez davantage. »

En parlant ainsi, M. Oldbuck ouvrit un tiroir et en sortit un trousseau de clefs, puis il poussa de côté un pan de tapisserie qui cachait la porte d’un petit cabinet dans lequel il descendit par quatre degrés de pierre, et après quelques tintemens de bouteilles et de pots, il en sortit avec deux verres hauts et à patte en forme de cloches, tels qu’on en voit dans les tableaux de Teniers, une petite bouteille de ce qu’il appelait d’excellent vin des Canaries, avec un morceau de gâteau sur un petit plateau d’argent d’un travail antique et exquis : « Je ne dirai rien du plateau, observa-t-il, quoiqu’on le regarde comme l’œuvre de ce vieux fou de Florentin Benvenuto Cellini. Mais, monsieur Lovel, nos ancêtres buvaient du vin des Canaries ; vous qui êtes un admirateur du drame, vous savez où il est question de cela ; je bois au succès de vos entreprises à Fairport, monsieur !

— Et moi, monsieur, à l’accroissement de vos trésors, sans plus de peine de votre part qu’il n’en faut pour rendre une acquisition plus précieuse. »

Après une libation si convenable au genre d’amusement qui venait de les occuper, Lovel se leva pour prendre congé, et M. Oldbuck se prépara à l’accompagner une partie du chemin et à lui montrer quelque chose digne de remarque à son retour à Fairport.


CHAPITRE IV.

LE MENDIANT.


Le vieux rusé, franchissant la distance, vint humblement à moi avec nombre de bonjours et de bonsoirs, me disant : Mon bon monsieur, aurez-vous la courtoisie de loger un simple et pauvre homme comme moi ?
L’Homme à besace.


Nos deux amis traversèrent un petit verger dont les vieux pommiers bien chargés de fruits prouvaient, comme cela arrive sou-