néral. Une rupture entre lui et le parlement semble inévitable, et rejetterait encore l’Angleterre dans la guerre civile dont nous sommes tous fatigués. Mon messager peut lui déplaire… pourtant je ne le crois pas. Il sait que je n’emploie que des gens sûrs ; et il connaît assez bien les sectes les plus rigides pour ne pas ignorer que dans celle-là, aussi bien que dans d’autres, il peut se trouver des hommes à deux visages. »
CHAPITRE VIII.
CROMWELL.
Nous laisserons le colonel se livrer à ses méditations, pour suivre son joyeux camarade qui, avant de monter à cheval à l’auberge de Saint-George, ne manqua pas de prendre le coup du matin, avec quelques œufs et quelques verres de muscat, pour se donner la force de faire face au vent frais du matin.
Quoiqu’il se fût laissé aller à la licence extravagante à laquelle se livraient alors les Cavaliers, comme pour faire contraster leur conduite en tout point avec le rigorisme de leurs ennemis, Wildrake néanmoins, bien né et bien élevé, possédait beaucoup de bonnes qualités, et un air que même la débauche et la vie dissolue d’un Cavalier enthousiaste n’avaient pu corrompre tout-à-fait. Il marchait, pour remplir sa mission, accompagné d’un mélange bizarre de sensations, telles que, peut-être, il n’en avait jamais éprouvé de sa vie.
Ses sentiments, comme royaliste, le portaient à détester Cromwell ; et en toute occasion, il n’eût pas souhaité le voir, sinon sur un champ de bataille, où il aurait pu se donner le plaisir d’échanger avec lui quelques coups de pistolet. Mais à cette haine se mêlait un peu de peur. Toujours victorieux dans les combats qu’il avait livrés le fameux personnage près duquel Wildrake se rendait alors avait su prendre, sur les esprits mêmes de ses ennemis, cet ascendant qu’un succès constant est si propre à faire naître. Ils le