Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/117

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sés aux changements que nous avons opérés dans ce pays, non pas, dis-je, par nous-mêmes, mais par la destinée qu’il nous fallait remplir, et que nous avons remplie avec conviction et humilité… il nous importe, dis-je, et beaucoup, que toute chose se fasse conformément au grand ouvrage qu’on a entrepris, et auquel on travaille encore dans le pays. Telles sont mes véritables et simples intentions. Pourtant, il est bien à désirer que ce Jeune Homme, ce roi d’Écosse, puisqu’il se donne ce nom, ce Charles Stuart ne vienne pas à s’échapper d’un pays où son arrivée a causé tant de désordre et fait verser tant de sang. — Je ne doute pas, » dit le Cavalier en baissant les yeux, « que la sagesse de Votre Seigneurie n’ait dirigé toutes choses au mieux pour arriver enfin à ce résultat ; et je demande au ciel qu’il vous récompense de vos peines comme elles le méritent. — Je te remercie, l’ami ; sans doute nous aurons nos récompenses, puisqu’elles sont entre les mains d’un maître qui ne passe jamais un samedi sans payer. Mais comprends-moi… je ne réclame que ma part dans cette bonne œuvre. Je voudrais de tout mon cœur donner à ton digne maître toutes les marques d’attachement qui sont en mon pouvoir, et à toi aussi, suivant ton rang… car des hommes tels que moi ne conversent pas avec des hommes ordinaires, pour que leur présence puisse s’oublier comme un événement commun. Nous parlons à tes semblables pour les récompenser ou les punir ; et je crois que tu te rendras digne, en accomplissant ton devoir, d’être récompensé de mes mains. — Votre Honneur, dit Wildrake, parle en homme habitué à commander. — C’est vrai ; c’est par la crainte ou par le respect que les hommes de ma trempe en imposent aux autres, dit le général… Mais en voilà assez ; je n’ai pas la présomption de paraître avoir seul dans celui qui est au dessus de nous plus de confiance que nous ne devons en avoir tous ensemble… Je voudrais cependant jeter cette balle d’or dans le bonnet de ton maître. Il a servi contre ce Charles Stuart et contre son père ; mais il est proche parent du vieux chevalier Lee, il a beaucoup d’affection pour sa fille… Toi aussi, l’ami, tu feras sentinelle… ton air engageant te gagnera la confiance de tout malveillant… et la proie ne pourra approcher du château où elle espère trouver un abri, comme un canard dans un rocher, sans que tu t’aperçoives de sa présence. — Je fais un effort pour comprendre Votre Excellence. Je vous remercie de tout cœur de la bonne opinion que vous avez conçue de moi, et je prie le ciel de me donner une belle occasion de