Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/130

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fait tous ses efforts pour empêcher le mal, et, » ajouta-t-il en se tournant vers lui, « je pense que vous auriez pu mieux faire encore. — En voilà assez, mon cher monsieur Holdenough, dit le maire ; ne parlons plus de cela. Guy de Warwick ou Bévis de Hampton pourraient faire quelque chose avec ces gens qui nous étaient opposés ; mais, en vérité, ils sont trop nombreux et trop forts pour le maire de Woodstock. — Je trouve que monsieur le maire a parfaitement raison, répliqua le colonel ; si on ne laisse pas aux Indépendants la permission de prêcher, tout me porte à croire qu’ils ne se battront pas… et puis s’il vous arrivait une nouvelle levée de Cavaliers ? — Il y a des gens qui sont plus à craindre que des Cavaliers, dit Holdenough. — Comment ! monsieur, répliqua le colonel ; permettez-moi de vous rappeler que ce langage est dangereux dans le moment actuel. — Je dis, » reprit aussitôt le presbytérien, « qu’il peut se lever des gens pires que les Cavaliers, et je vais le prouver. Le diable est pire que le plus mauvais Cavalier qui porta jamais une santé ou lança un jurement… et cependant le diable s’est montré à la Loge de Woodstock. — Oui, c’est la vérité, dit le maire… corporellement et visiblement, sous sa figure et sa forme… Dieu ! dans quel temps nous vivons ! — Messieurs, je ne puis réellement vous comprendre, dit Éverard. — Mais, ma foi, c’est bien du diable que nous avions l’intention de vous parler, dit le maire ; mais le digne ministre est toujours si ardent contre les sectaires… — Qui sont ses enfants et par conséquent le touchent de près, ajouta maître Holdenough ; mais il est certain que l’accroissement de ces sectes a produit le mauvais esprit sur la surface de cette terre, pour qu’il veille à ses intérêts où il les voit le mieux prospérer. — Maître Holdenough, reprit le colonel, si vous parlez au figuré, je vous ai déjà dit que je n’avais ni les moyens ni le talent nécessaire pour modérer le feu de ces discordes religieuses ; mais si vous soutenez qu’il y a eu une apparition réelle du diable, je suis fondé à croire que vous, avec votre doctrine et votre science, seriez contre lui un adversaire plus convenable qu’un soldat comme moi. — C’est vrai, monsieur, et j’ai assez de confiance dans la mission que j’ai reçue pour oser, sans perdre un moment, descendre dans l’arène contre le malin ennemi, dit Holdenough ; mais comme c’est à Woodstock qu’il est apparu, et que cet endroit est rempli de ces impies et dangereuses personnes dont je me plaignais il y a un instant, sans craindre d’entamer une argumentation avec leur grand-maître lui-même, pourtant, sans votre protection, très