Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/18

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quoique le poisson eût été placé dans son élément natal, avec tout le soin imaginable, l’eau se répandit dans tout l’appartement, et non seulement fit grand tort à la réputation des quatre membres auteurs des ingénieuses explications, mais gâta encore un beau tapis de Turquie.

Il paraît que le docteur RocheclifFe mourut vers 1685, laissant un grand nombre de manuscrits sur différents sujets, et surtout un grand nombre d’anecdotes secrètes ; c’est de là qu’ont été tirés les mémoires suivants : pour l’instruction du lecteur nous nous proposons d’en dire un mot.

L’existence du labyrinthe de Rosemonde, dont il sera fait mention dans les pages suivantes, est attestée par Drayton, qui vivait sous le règne de la reine Élisabeth.

Le labyrinthe de Rosemonde, ou plutôt ses ruines, subsiste encore, ainsi que son puits dont le fond est pavé en pierres de taille, et la tour d’où part le labyrinthe. Ce sont des allées voûtées, dont les murs et les cintres sont bâtis en briques et en pierres, et si bien mêlées les unes aux autres qu’il est fort difficile de s’y reconnaître, afin que si la demeure de Rosemonde venait à être découverte par la reine, elle pût aisément se soustraire à un péril imminent, et, au besoin, s’échapper par de secrètes issues, bien loin de Woodstock, dans l’Oxfordshire[1].

Il est bien probable que le singulier tour de fantasmagorie qui fut joué aux commissaires du long parlement, envoyés pour ravager et détruire Woodstock, après la mort de Charles Ier, fut exécuté au moyen des passages et retraites mystérieuses de l’ancien labyrinthe de Rosemonde, dans les environs duquel les successeurs de Henri avaient établi un rendez-vous de chasse, ou loge.

On trouve une relation curieuse des mésaventures de ces honorables commissaires, dans l’histoire naturelle de l’Oxfordshire, du docteur Plot. N’ayant pas cet ouvrage sous la main, je ne puis parler que du livre du célèbre Glanville sur les sorciers, qui a cité cette relation comme une série d’événements surnaturels et bien dignes d’une entière confiance. Les lits des commissaires et de leurs domestiques furent hissés en l’air jusqu’à ce qu’ils fussent presque culbutés, et puis ils retombèrent si promptement, que ceux qui y reposaient pensèrent en avoir les os brisés. Des bruits extraordinaires et horribles troublèrent les envahisseurs sacrilèges d’une demeure royale. Une fois le diable leur apporta une bassinoire ; une

  1. Épîtres héroïques de Drayton, note a, sur l’épître : Rosemonde au roi Henri. a. m.