Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/189

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cher Éverard, reste avec nous. Je ne sais pas comment cela se fait, mais quoique tu n’aies pas toujours ta religion à la bouche, et que tu ne t’élances pas dans des phrases difficiles à comprendre, comme Harrison… quoique tu ne fasses pas de longs sermons comme un certain de mes très honorable parents que tu connais fort bien, pourtant je me sens plus en sûreté dans ta compagnie que dans celle des autres. Quant à notre ami Bletson, c’est un si hardi blasphémateur, que j’ai grand’peur que le diable ne l’enlève avant demain — Avez-vous jamais entendu un plus misérable poltron ? » dit Bletson bas à Éverard. « Restez pourtant, mon digne colonel… je connais votre zèle à assister les gens malheureux, et vous voyez que Desborough se trouve en position d’avoir besoin près de lui d’un bon exemple pour l’empêcher de rêver aux esprits et aux diables. — Je suis fâché de ne pouvoir vous obliger, messieurs, dit Éverard ; mais je suis résolu à coucher dans l’appartement de Victor Lee ; ainsi je vous souhaite une bonne nuit, et si vous désirez dormir en repos, je vous conseille de vous recommander, pendant la nuit, à celui qui y voit aussi bien qu’en plein jour. J’avais l’intention de vous informer ce soir du sujet de ma présence ici ; mais je remets l’entretien à demain, et je serai, je pense, en état de vous alléguer d’excellentes raisons pour que vous quittiez Woodstock. — Oh ! nous en avons déjà de fort bonnes, dit Desborough : d’abord je suis venu ici pour le service de l’État, comptant retirer sans doute quelques petits profits de mes peines ; mais si on me met encore droit sur la tête, cette nuit comme la précédente, je ne reste pas plus long-temps ici, dussé-je gagner une couronne de roi ; car ma tête, j’en suis sûr, n’aurait pas la force d’en soutenir le poids. — Bonne nuit ! » s’écria Éverard ; et il se retirait quand Bletson se rapprocha encore de lui, et lui dit à l’oreille : « Écoutez, colonel… vous connaissez mon amitié pour vous… je vous supplie de laisser la porte de votre chambre ouverte, afin que si l’on venait vous troubler, je puisse vous entendre crier au secours, et vous rejoindre en un instant. Consentez, cher Éverard ; autrement mes craintes pour vous me tiendront éveillé ; car je n’ignore pas que, malgré votre sain jugement, vous conservez de ces idées superstitieuses qui nous viennent en naissant, et qui constituent le fondement de nos craintes en des occasions comme celle-ci. Laissez donc votre porte ouverte, si vous m’aimez, afin que je puisse vous secourir aussitôt en cas d’alarme. — Mon maître, dit Wildrake, a confiance d’abord en sa Bible, monsieur, ensuite dans sa bonne