Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/224

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mon bon ami, dit le colonel, je répondrai que la chose est impossible, car le lord général a permis au frère de ma mère, sir Henri Lee, et à sa famille, de revenir en cette maison qui a été habitée par ses pères, et qui est maintenant la seule où il puisse trouver un abri pour ses cheveux blancs. — Et cela s’est fait de votre avis, Markham Éverard ? » demanda le théologien d’une voix sévère.

« Oui, certainement. Et pourquoi n’aurais-je pas employé mon influence pour procurer un asile au frère de ma mère ? — De par votre âme, répondit le ministre, de la part d’un autre, je n’y aurais certainement pas ajouté foi. Dites-moi, n’est-ce pas ce même sir Henri Lee, qui, à l’aide de ses cottes de buffle et de ses pourpoints verts, fit mettre à exécution l’ordre donné par un laïque papiste, de placer l’autel à l’extrémité orientale de Woodstock ?… N’a-t-il pas juré par sa barbe qu’il ferait pendre, dans la rue de Woodstock, quiconque refuserait de boire à la santé du roi ?… Sa main n’est-elle pas teinte du sang des saints ? Y a-t-il eu sur le champ de bataille un défenseur plus infatigable et plus zélé pour l’épiscopat et l’autorité du roi ? — Tout cela peut être comme vous le dites, mon bon maître Holdenough ; mais mon oncle est maintenant vieux et faible ; il lui reste à peine un homme à ses ordres, et sa fille est un être que l’homme le plus farouche ne pourrait regarder sans pleurer de pitié, un être qui… — Est plus cher à Éverard que sa gloire, sa fidélité envers ses amis, son devoir envers sa religion. Ce n’est pas le moment de tenir un pareil langage. La voie où vous marchez est périlleuse. Vous travaillez à relever le chandelier papiste que le ciel dans sa justice a renversé, à ramener dans ce repaire de sorcellerie les pécheurs qui sont maudits comme lui. Je ne souffrirai pas que le pays soit trompé par leurs maléfices… Ils ne reviendront point ici. »

Il prononça ces mots avec véhémence, en frappant la terre de son bâton, et le colonel très mécontent lui répondit sur le même ton : « Vous auriez bien fait, maître Holdenough, avant de vous prononcer ainsi, d’examiner si vous avez le pouvoir d’accomplir vos menaces. — N’ai-je pas le pouvoir de lier et de délier ? — C’est un pouvoir que vous ne pouvez guère exercer que sur les membres de votre église, » dit Éverard d’une voix presque méprisante.

« Prenez garde, prenez garde, » répliqua le théologien, qui, bien qu’excellent homme, était, ainsi que nous l’avons vu, d’un caractère irritable ; « ne m’insultez pas, traitez honorablement le messager en considération de celui qui lui a confié le message. Ne