Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/299

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tagnard, caractères que son séjour en Écosse lui avaient rendus familiers. Alice aussi riait et applaudissait ; elle s’amusait, et voyait avec joie son père s’amuser comme elle. Tous trois étaient d’une gaîté charmante quand Albert Lee entra ; il cherchait Louis Kerneguy pour aller ensemble causer avec le docteur Rochecliffe, que son zèle, sa persévérance, la variété merveilleuse de ses connaissances, avaient rendu leur pilote au milieu de ces circonstances difficiles.

Il n’est pas nécessaire de faire connaître au lecteur tous les détails de leur entretien : les renseignements obtenus étaient favorables ; l’ennemi paraissait ne s’être pas douté que le roi avait pris la route du Sud ; on continuait de croire qu’il s’était échappé de Bristol, comme le bruit en avait couru, et comme en effet le prince en avait eu le projet. Mais le capitaine du navire sur lequel il devait s’embarquer, craignant pour sa sûreté personnelle, avait mis à la voile sans son royal passager ; mais son départ et le soupçon du motif de son arrivée firent croire généralement que le roi était parti avec lui.

Ces nouvelles étaient consolantes, mais le docteur en avait reçu de la côte de moins agréables. On trouvait de grandes difficultés à se procurer un navire auquel on pût confier un dépôt si précieux, et surtout on engageait Sa Majesté à ne point s’approcher de la côte jusqu’à ce qu’on l’eût avertie que tout était près pour son départ.

Personne ne pouvait indiquer une retraite plus sûre que celle qu’il occupait en ce moment. Le colonel Éverard ne passait certainement pas pour ennemi personnel du roi, et Cromwell, à ce qu’on croyait, avait en lui une confiance sans bornes. L’intérieur de la Loge offrait des cachettes sans nombre, des issues secrètes connues seulement des anciens habitants du château… et du docteur Rochecliffe mieux que d’aucun d’eux ; car lorsqu’il était recteur de la ville voisine, son goût pour les recherches d’antiquités l’avait engagé à faire de nombreuses excursions parmi les vieilles ruines, et l’on croyait que, dans plus d’un cas, il avait gardé pour lui seul le résultat de ses découvertes.

Ces avantages étaient balancés par quelques inconvénients ; il n’était pas douteux que les commissaires du parlement étaient toujours dans le voisinage, et qu’ils profiteraient de la première occasion favorable pour user de leur autorité. Mais il n’était pas probable qu’une telle occasion dût se présenter, et l’on croyait généra-