Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/35

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L’individu dont les prétentions à la sainteté, écrites comme elles l’étaient sur son front et dans sa démarche, ont donné lieu à la digression qui précède, parvint enfin à l’extrémité de la rue principale qui se termine au parc de Woodstock. Une porte crénelée, d’architecture gothique, défendait l’entrée de l’avenue. Quoique bâtie dans le style des différents siècles où l’on y avait fait quelques changements, elle était néanmoins d’un effet majestueux et imposant. Une large grille en barres de fer battu, ornée de fleurons et de dessins, et surmontée du malheureux chiffre de C. R., était alors dégradée non moins par la rouille que par la violence des hommes.

L’étranger s’arrêta comme incertain s’il devait entrer avec ou sans permission. Il apercevait à travers la grille une avenue bordée de chênes majestueux et qui, faisant un détour, semblait conduire dans les profondeurs de quelque vaste et antique forêt. Le guichet de la grande grille se trouvant par hasard ouvert, le soldat ne résista plus, le franchit, quoique en hésitant, comme un homme qui se glisse furtivement dans une enceinte dont il suppose que l’entrée peut être défendue. Du reste, ses manières montrèrent pour ces lieux plus de respect que sa profession et son caractère n’auraient pu lui en faire supposer. Il ralentit son pas mesuré et solennel, s’arrêta et regarda autour de lui.

Non loin de la porte, il vit s’élever du milieu des arbres deux antiques et vénérables tourelles, surmontées chacune d’une girouette d’un merveilleux travail, et resplendissantes des rayons d’un soleil d’automne. Elles indiquaient la position d’un ancien rendez-vous de chasse. La Loge, comme on l’appelait, qui avait parfois, du temps de Henri II, servi de résidence aux monarques anglais lorsqu’il leur plaisait de visiter les bois d’Oxford, qui étaient alors si giboyeux que, suivant le vieux Fuller[1], chasseurs et fauconniers n’étaient nulle part plus heureux ; la Loge était située au milieu d’un terrain uni, alors planté de sycomores, non loin de l’entrée de ce lieu magnifique où le spectateur s’arrête toujours malgré lui, pour considérer Blenheim, songer aux victoires de Marlborough et applaudir ou critiquer la lourde magnificence du style de Vanburgh[2].

Là aussi s’arrêta notre prédicateur militaire, mais avec d’autres pensées et d’autres intentions que d’admirer la scène qui l’environ-

  1. Auteur d’une vie des saints anglais. a. m.
  2. Auteur comique, lequel fut l’architecte de ce château. a. m.