Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/352

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accoutrement, qui consistait en un pourpoint coupé à la mode cavalière, de satin cramoisi tout crasseux, brodé et tailladé avec une étoffe qui avait été jadis de taffetas blanc ; une culotte pareille, et des hauts-de-chausses, ou, comme on les appelle aujourd’hui, des bas ravaudés en plusieurs endroits, et qui, comme ceux de Poins[1], avaient été jadis couleur pêche. Une paire d’escarpins, chaussure fort incommode pour marcher dans la rosée, et un large baudrier orné de broderies passées, complétaient son équipement.

« Allons, monsieur, s’écria-t-il, de la promptitude, et au diable votre lenteur… Voici votre honnête et loyal adversaire ; aussi brave garçon que quiconque passa sa rapière au travers du ventre d’une Tête-ronde… Allons, monsieur, en garde ! continua-t-il ; nous pouvons tirer une demi-douzaine de passes avant qu’ils arrivent ; alors honte à eux d’être venus si tard. Holà ! » s’écria-t-il d’un air tout désappointé lorsque le docteur, ouvrant son manteau, lui montra son habit de prêtre : « Oh ! ce n’est qu’un curé, après tout ! »

Cependant, le respect de Wildrake pour l’Église, et son désir d’éloigner un homme qui pourrait sans doute interrompre une scène qu’il voyait en imagination avec une satisfaction toute particulière, l’engagèrent aussitôt à prendre un autre ton.

« Pardonnez-moi, mon cher docteur. Je baise le bord de votre soutane. Oui, je la baise, par Jupiter tonnant. Pardon, encore une fois. Mais je suis ravi de vous avoir rencontré. On vous demande à cor et à cris à la Loge, pour un mariage, un baptême, un enterrement, une confession, ou quelque autre cas fort urgent… Pour l’amour du ciel, ne perdez pas de temps ! — À la Loge ! tiens, mais je quitte la Loge à l’instant… j’y étais encore à coup sûr quand vous passiez auprès, puisque vous êtes venu de Woodstock. — Je me trompe, répliqua Wildrake, c’est à Woodstock que l’on a besoin de vous. Ai-je dit à la Loge ?… non… non, c’est à Woodstock. Mon hôte ne peut être pendu… sa fille mariée… son bâtard baptisé, ou sa femme enterrée… sans l’assistance d’un véritable ministre. Vos Holdenough ne sont rien pour eux. Mon hôte est un honnête homme ; ainsi, si vous estimez vos fonctions, hâtez-vous. — Vous m’excuserez, maître Wildrake, mais j’attends ici maître Louis Kerneguy. — Le diable vous confonde ! Au fait, j’ai toujours entendu dire que les Écossais ne pouvaient rien faire sans leur ministre ; mais, par les démons ! je n’ai jamais cru qu’ils les employassent en pareille occasion. Au reste, j’ai connu de braves garçons dans les

  1. Un des personnages des Chroniques de Shakspeare. a. m.