Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/385

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lence nous fasse visite si tard ? Votre Excellence ne voudrait-elle pas quelque… — Ah ! » dit Olivier en l’examinant d’un air sombre ; « c’est notre fidèle correspondant ; notre honnête confident ! non, monsieur, à présent je ne désire qu’un bon accueil, et il me semble que mon ami Markham Éverard ne me paraît pas très empressé à me le témoigner. — Vous êtes partout le bienvenu, milord, » dit Éverard faisant un effort pour parler. « Puis-je seulement me flatter que ce ne sont point de mauvaises nouvelles qui me procurent l’honneur de vous voir si tard, et vous demander, comme mon écuyer, quels rafraîchissements vous désirez qu’on vous serve ? — L’État est sain et en état de résister, colonel Éverard, mais il l’est moins que d’habitude, parce que beaucoup de ses membres, qui jusqu’à ce jour ont travaillé d’accord, proposé des conseils et contribué à la prospérité publique, sont devenus froids dans leur amour et leur affection pour la bonne cause, tandis que nous devrions tous être prêts à nos différents postes, à agir dès que nous sommes appelés à faire ce que nous ordonnent nos devoirs, et cela, sans témérité, sans tiédeur, sans violence, mais dans des vues et des dispositions où le zèle et la charité puissent, pour ainsi dire, se saluer et s’embrasser l’un l’autre dans nos rues. Cependant, parce que nous regardons en arrière, après avoir mis la main à la charrue, notre force nous est ôtée. — Pardonnez moi, monsieur, » dit Néhémiah Holdenough qui, écoutant avec quelque impatience, commençait à soupçonner en compagnie de qui il se trouvait ; « pardonnez-moi, car ce sont des choses sur lesquelles je puis parler. — Ah ! ah ! dit Cromwell, sûrement, très digne monsieur, nous chagrinons l’esprit quand nous réprimons ces effusions, qui, comme l’eau jaillissant d’un rocher… — Oh ! en cela je diffère de vous, monsieur ; car de même que la bouche est destinée à transmettre la nourriture au corps, et qu’il y a profit à digérer ce que le ciel a envoyé, de même le prédicateur a mission pour enseigner, et le peuple doit écouter ; le berger pour réunir le troupeau dans la bergerie, et le troupeau pour profiter des soins du berger. — Ah ! mon digne monsieur, » dit Cromwell avec beaucoup d’émotion, « il me semble que vous tombez dans la grande erreur qui suppose que les églises sont de hautes et larges maisons bâties par des maçons, et les auditeurs des hommes… de riches hommes qui paient les dîmes les plus grandes aussi bien que les petites ! et que les prêtres, hommes en robes noires ou en manteau gris, qui reçoivent les dîmes, sont en récompense les seuls distributeurs des bénédictions chrétiennes ; au lieu qu’à