Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/420

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exciter un soulèvement dans le village. Quoique les presbytériens eussent non seulement soutenu activement la guerre, mais même qu’ils l’eussent commencée les premiers, ils étaient profondément irrités de l’ascendant des sectaires de l’armée, maintenant qu’elle touchait à son terme, et de ce qu’on ne les employait jamais comme des agents sûrs dans les mesures même où leur intérêt personnel était engagé. L’infanterie, disposée comme nous l’avons expliqué, fit demi-tour et se mit en marche, Pearson et Cromwell se tenant à la tête du centre ou principal corps de la petite armée. Ils étaient tous munis de pétrinals, sorte de fusils courts, semblables aux carabines modernes et, comme elles, à l’usage de la cavalerie. Ils marchaient dans le plus profond silence et dans le meilleur ordre, et tout le détachement ne paraissait être qu’un seul homme.

Environ cent pas après l’arrière-garde des cavaliers qu’on avait mis à pied, venaient ceux qui étaient restés à cheval. On eût dit que les animaux obéissaient eux-mêmes aux ordres de Cromwell, car ils ne hennissaient pas, et ils semblaient poser les pieds à terre avec précaution et avec moins de bruit que de coutume.

Le général, rempli de pensées inquiètes, ne disait rien, si ce n’est quelques mots à voix basse pour recommander de nouveau le silence ; les soldats, surpris et charmés de se trouver sous le commandement de leur illustre général, et employés évidemment à quelque service de la plus haute importance, se conformaient avec la plus grande attention à ses ordres réitérés.

Ils traversèrent les rues de la petite ville dans l’ordre que nous avons exposé. Quelques bourgeois seulement qui étaient hors de chez eux, et qui avaient prolongé une orgie jusqu’à cette heure indue, se trouvèrent heureux d’échapper sans être vus par un fort détachement de soldats qui remplissaient l’office d’agents de police, et ne songèrent pas à s’informer ni du motif qui mettait cette troupe en mouvement à une telle heure, ni de la route qu’elle suivait.

La porte extérieure du parc avait toujours été, depuis l’arrivée du détachement à Woodstock, gardée par trois postes de soldats, afin d’intercepter toute communication entre la Loge et la ville. Spitfire, émissaire de Wildrake, qui avait été mainte fois dénicher des oiseaux dans le parc, ou y commettre d’autres maraudes de cette espèce, avait mis en défaut la vigilance de ces hommes, en escaladant une brèche qu’il connaissait à merveille dans une autre partie de la muraille.