Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/436

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ment vermeilles ne portant alors au une trace de couleur, restait debout comme un accusé qui attend sa condamnation et l’ordre de son exécution.

Des pas lourds se firent entendre, et Pearson revint avec quelques soldats. Il paraît que c’était là ce que Cromwell attendait. Il se leva, et demanda à la hâte : « Quelles nouvelles, Pearson ? As-tu fait des prisonniers, ou tué quelques rebelles pour ta défense ? — Non, général. — Et tes sentinelles ont-elles été disposées conformément à l’écrit de Tomkins, et dans un ordre convenable ? — On y a mis le plus grand soin. — Es-tu bien sûr, » dit Cromwell en le tirant à l’écart, « qu’aucune précaution n’a été négligée ? Songe que quand nous serons engagés dans les communications secrètes, tout serait perdu si celui que nous cherchons pouvait s’échapper dans les appartements, et de là peut-être dans la forêt. — Milord général, il suffit d’avoir placé des sentinelles à tous les endroits indiqués sur le papier, avec la consigne la plus stricte d’arrêter, et, au besoin, de tuer quiconque voudrait passer. J’ai donné ces ordres à des hommes qui ne manqueront pas de les exécuter. S’il faut quelque chose de plus, Votre Excellence n’a qu’à parler. — Non, non, non, Pearson, c’est fort bien comme cela. Cette nuit passée, et si elle se termine comme nous le désirons, ta récompense est assurée ; mais maintenant à la besogne. Sir Henri Lee, ouvrez le ressort secret de ce portrait d’un de vos ancêtres ; allons, épargnez-vous l’embarras et le péché du mensonge ou de la dissimulation, et ouvrez, vous dis-je, ce ressort sur-le-champ. — Quand je vous reconnaîtrai pour mon maître, et que je porterai votre livrée, je pourrai obéir à vos ordres ; et encore, faudra-t-il que je les comprenne. — Allons, dit Cromwell à Phœbé, ouvre ce ressort ; tu savais bien le faire quand tu as aidé à la farce des lutins de Woodstock, et effrayé Mark Éverard lui-même, que je croyais plus sensé. — Ciel ! que ferai-je, monsieur ? » dit Phœbé regardant le chevalier ; « ils savent tout ; que faire ? — Sur ta vie, tiens bon jusqu’au dernier moment ; chaque minute vaut un million. — Ah ! entends-tu, Pearson ? » dit Cromwell à l’aide-de-camp ; puis frappant du pied, il ajouta : « Ouvrez ce ressort, ou j’emploierai les leviers et la hache. Un second pétard fera plutôt l’affaire. Appelez l’ingénieur. — Ciel, monsieur ! s’écria Phœbé ; un autre pétard me tuera. Je vais ouvrir le ressort. — Fais comme tu voudras, lui répondit sir Henri ; ils n’en tireront pas grand profit. »

Soit agitation réelle, soit désir de gagner du temps, Phœbé fut