Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/438

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secrets et des retraites cachées. Il y avait des escaliers qui montaient uniquement, à ce qu’il semblait, pour redescendre ensuite ; des passages qui, après avoir tourné long-temps, vous ramenaient dans l’endroit d’où vous étiez parti ; des trappes, des bascules, des panneaux et des fausses portes. Quoiqu’Olivier s’aidât d’une espèce de plan, tracé et transmis par Joseph Tomkins, qui, employé autrefois au service du docteur Rochecliffe, avait pu connaître parfaitement les localités ; cependant ce plan se trouva défectueux, et, de plus, les obstacles les plus sérieux les arrêtaient à chaque pas, tels que des portes épaisses, des murailles, et des grilles en fer ; de telle sorte qu’ils marchaient à l’aventure, ne sachant s’ils approchaient de l’extrémité du labyrinthe ou s’ils s’en éloignaient. Ils furent obligés d’envoyer chercher des ouvriers avec des marteaux et autres instruments pour forcer deux ou trois de ces portes, qu’on ne put ouvrir autrement. Accablés de fatigue dans ces sombres passages, où ils étaient de temps en temps presque suffoqués par la poussière qu’ils faisaient en abattant des murs, les soldats eurent besoin d’être relevés plus d’une fois, et le gros caporal Grâce-soit-ici lui-même soufflait et haletait comme une baleine échouée. Cromwell seul continuait ses recherches actives avec un zèle infatigable ; il encourageait les soldats, les exhortant, de la manière la plus propre à les toucher, à ne pas se laisser abattre par le manque de foi. Il plaçait de temps à autre des sentinelles, afin de s’assurer la possession du terrain qu’ils avaient déjà parcouru. Son œil attentif et vigilant découvrit, avec un sourire d’ironie, les cordes et les machines qui avaient servi à renverser le lit du pauvre Desborough, et quelques restes des divers déguisements, ainsi que les différents passages secrets au moyen desquels on s’était joué de Desborough, Bletson et Harrison. Il les fit remarquer à Pearson, sans autre commentaire que cette exclamation : « Les imbéciles ! »

Mais ceux qui l’accompagnaient commençaient à perdre courage, et il fallut toute son ardeur pour les ranimer. Il appela leur attention sur des voix qui semblaient se faire entendre devant eux, et les leur présenta comme une preuve qu’ils étaient sur les traces de quelque ennemi de la république qui s’était réfugié dans cette forteresse extraordinaire pour exécuter ses complots perfides.

Enfin, malgré toutes ses exhortations, le courage de ses soldats s’abattit ; ils parlaient à voix basse des lutins de Woodstock, qui peut-être les conduisaient vers une chambre qu’on disait exister dans le palais, où le plancher, s’abaissant en bascule, précipitait