Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/45

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et n’exposera pas la vie de bons et fidèles vassaux quand les chances sont contre eux ; et il proteste que, s’il se rend ainsi, ce n’est pas qu’il reconnaisse les pouvoirs de ceux qui s’instituent commissaires, ni qu’il redoute pour sa part leur force, mais seulement pour éviter de répandre le sang anglais qui coule déjà depuis si long-temps. — À la bonne heure, » répliqua le mandataire des commissaires ; « en conséquence, veuillez venir avec moi à la Loge pour remettre la vaisselle, les ornements d’or et d’argent qui sont la propriété du Pharaon égyptien qui les a confiés à votre garde. — Quelle vaisselle, » s’écria le fier et vieux chevalier ; « et appartenant à qui ? Chien d’anabaptiste, parle plus respectueusement du martyr, du moins en ma présence, ou tu me forceras à me souiller en touchant ton misérable corps de manière à te le rappeler… » Puis repoussant sa fille qui le tenait par le bras droit, le vieillard porta la main à sa rapière.

Son antagoniste, au contraire, conserva un imperturbable sang-froid ; et agitant la main pour donner plus de force à ses paroles, il dit avec un calme qui enflamma plus encore la colère de sir Henri : « Allons, mon bon ami, restez tranquille, je vous prie ; point de tapage… Il sied mal à des cheveux gris et à des bras débiles de crier et de s’emporter comme un ivrogne. Ne me forcez pas à dégainer pour ma propre défense, écoutez plutôt la voix de la raison. Ne sais-tu pas que le Seigneur a décidé cette grande dissension entre nous et les nôtres contre toi et les tiens ? Ainsi démets-toi paisiblement de ta charge de maître d’hôtel, et livre-moi les biens de l’Homme, Charles Stuart. — La patience est un bon bidet, mais elle est souvent rétive, » dit le chevalier, incapable de maîtriser plus long-temps sa colère : détachant la rapière qu’il portait à son côté, il en appliqua un bon coup au soldat ; puis la dégainant aussitôt, jetant le fourreau par dessus les arbres, il se mit en devoir de se défendre, la pointe de son épée à un demi-pouce du corps de l’envoyé. Celui-ci recula promptement, se débarrassa de son manteau, et tirant sa longue rapière, il se mit en garde. Le cliquetis des armes retentit vivement, pendant qu’Alice, dans sa frayeur, appelait à grands cris du secours. Mais le combat ne fut pas long ; le vieux cavalier avait attaqué un homme aussi habile que lui dans le maniement des armes, plus peut-être, et possédant toute la vigueur et l’agilité dont les années avaient privé sir Henri, ainsi que le calme que son adversaire avait perdu dans son emportement. Ils avaient à peine échangé trois passes que l’épée du chevalier sauta