Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/468

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

irréfléchi, une gaîté surabondante, permettent de jouer toute leur vie le rôle d’un écolier… d’être heureux pour le présent et sans souci pour l’avenir.

Une ou deux fois l’an, quand il avait amassé quelques pièces d’or, le Cavalier Wildrake allait faire un tour à Londres. Là, à ce qu’il racontait, il faisait des siennes, buvait autant qu’il pouvait, et menait, pour se servir de ses expressions, joyeuse vie avec des Cavaliers aussi peu raisonnables que lui, jusqu’à ce que quelque propos inconsidéré, ou quelque acte d’étourderie, le conduisît à Marshalsea, à The Flut, ou dans quelque autre prison, d’où il ne sortait qu’à force d’argent, de crédit, et quelquefois aux dépens de sa réputation.

Enfin Cromwell mourut. Son fils résigna l’autorité souveraine, et les divers événements qui suivirent engagèrent Éverard, comme beaucoup d’autres, à adopter des mesures plus actives en faveur du roi. Éverard lui envoya des sommes considérables, mais avec la plus grande précaution, correspondant, non avec des agents secondaires, mais avec le chevalier lui-même, auquel il fournissait beaucoup de renseignements utiles sur les affaires publiques. Malgré toute sa prudence, il faillit être compromis dans le soulèvement infructueux de Booth et de Middleton dans l’Ouest, et n’échappa qu’avec beaucoup de peine aux conséquences funestes de cette tentative prématurée. Après cet événement, quoique le royaume fût dans une anarchie complète, les communes ne semblèrent pas favorablement disposées pour le roi Charles, jusqu’au mouvement que fit le général Monk, qui partit d’Écosse pour aller en Angleterre. Mais ce fut à ce moment même, la veille d’un succès complet, que la fortune de Charles sembla plus désespérée que jamais, surtout quand on apprit à la petite cour qu’il tenait à Bruxelles, que Monk, à son arrivée à Londres, s’était mis sous les ordres du parlement.

Ce fut à cette époque, un soir, au moment où le roi, Buckingham, Wilmot, et quelques autres seigneurs de cette cour errante, étaient réunis pour souper, que le chancelier Clarendon demanda subitement audience, et entrant avec moins de cérémonie qu’il n’aurait fait en toute autre circonstance, annonça des nouvelles extraordinaires. Un messager, disait-il, venait d’arriver, qu’il ne connaissait pas, qui semblait avoir beaucoup bu et fort peu dormi ; cet homme était porteur d’un signe de reconnaissance de la part d’une personne sur la fidélité de qui il risquerait sa vie. Le roi demanda à voir le messager.