Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 8, 1838.djvu/83

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une consolation… le coquin de Tète-ronde !… Ah ! attendez, ma langue ne rend pas ma pensée ; je voulais dire le pieux et bon jeune soldat. — Et ne savez-vous rien du Jeune Homme, du roi d’Écosse, comme on l’appelle ? dit Éverard. — Rien, sinon qu’on l’a chassé comme une perdrix vers les montagnes. Puisse Dieu le délivrer, et confondre ses ennemis ! Tudieu ! Mark Éverard, je ne puis plaisanter plus long-temps. Ne vous rappelez-vous pas que dans nos parades de Lincoln’s-Inn, quoique vous n’y prissiez pas grand’part, je pense, je m’acquittais toujours fort bien de mes rôles à la représentation véritable, mais qu’aux répétitions il m’était impossible d’aller passablement ? C’est la même chose à présent. J’entends votre voix et j’y réponds naturellement, selon mon cœur. Mais quand je me trouve en compagnie de vos amis nasillards, vous avez vu que je remplissais passablement mon rôle. — Passablement est le mot, répondit Éverard, et pourtant je n’exige pas grand chose de vous ; de la modestie et du silence. Parlez peu, puis évitez autant que possible ces gros jurements, et plus de regards arrogants… Mettez aussi votre chapeau sur le front. — Oui, c’est là ma malédiction. J’ai toujours été remarqué par la manière élégante dont je me coiffe… Il est dur que les mérites d’un homme deviennent ses ennemis. — Vous devez vous rappeler que vous êtes mon clerc. — Dites au moins votre secrétaire, répliqua Wildrake, par amitié pour moi. — Il faut que ce soit clerc, et rien de plus… simple clerc… et songez à être poli et obéissant. — Mais alors vous ne me donnerez pas vos ordres avec une supériorité si affectée, maître Markham Éverard. N’oubliez pas que je suis votre aîné de trois ans. Que je sois confondu si je sais comment le prendre ! — Fut-il jamais tête plus mauvaise, plus capricieuse ?… Par égard pour moi, si ce n’est pour vous-même, faites un effort pour écouter la voix de la raison. Songez que je me suis attiré pour vous des risques et des reproches. — Oui, tu es un excellent compagnon, Mark, répliqua le cavalier, et je ferai beaucoup pour toi… mais aie soin de tousser et de m’avertir par des hem ! quand tu me verras prêt à passer les bornes… Et maintenant dis-moi, où allons-nous cette nuit ? — À la loge de Woodstock, veiller sur les biens de mon oncle, répondit Markham Éverard ; je suis informé que des soldats en ont pris possession. Mais comment est-ce possible, si tu as trouvé la compagnie qui buvait à Woodstock ? — Il y avait une espèce de commissaire ou maître-d’hôtel, ou quelque drôle semblable, qui était allé à la Loge, répondit Wildrake ; je l’ai aperçu. —