Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/126

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sace, me vint voir en passant, et voulut m’obliger à chasser deux filles que Mme la Comtesse m’avoit données depuis son départ. Comme il n’avoit point d’autre raison pour exiger de moi cette déférence, que son animosité contre elles, je ne crus pas qu’il fût de mon devoir de la satisfaire. Le ressentiment qu’il en eut l’obligea à prier le Roi de me faire changer de couvent, sous je ne sais quel prétexte ; mais, en effet, parce que l’abbesse de Chelles, qui étoit sa tante, en usoit honnêtement avec moi, et que j’en étois satisfaite. Il obtint tout ce qu’il voulut ; et quoique cette abbesse s’en tînt aussi offensée qu’elle devoit, et qu’elle rendît les plus favorables témoignages de ma conduite qu’il pouvoit désirer, M. le Premier me vint dire, que je ferois plaisir au Roi d’aller à Sainte-Marie de la Bastille ; et Mme de Toussi me vint prendre avec six gardes du corps pour m’escorter. Peu de temps après, M. Mazarin, partant pour la Bretagne, m’y vint voir. Il ne me pouvoit souffrir avec des mouches ; il se trouva par hasard que j’en avois mis ce jour-là, et il me dit d’abord, qu’il ne me parleroit point que je ne les ôtasse. Jamais homme ne demanda les choses avec une hauteur plus propre à les faire refuser, surtout quand il croyoit que la conscience y étoit intéressée comme en cette occasion ; et ce fut aussi ce qui me fit obstiner à demeurer comme j’étois, pour lui faire bien voir que ce n’étoit ni mon intention, ni ma croyance d’offenser Dieu par cette parure. Il contesta une grosse heure sur ce sujet ; mais voyant que c’étoit inutilement, il s’expliqua à la fin nonobstant mes mouches, et me pressa non moins inutilement d’aller avec lui. Je songeois à le plai-