Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/137

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prise, me troubla si fort, que je ne comprends pas encore, comment Mme la Comtesse ne le remarqua pas. Elle étoit toute occupée à gloser sur la nonchalance où je vivois parmi des affaires si importantes : Que ce n’étoit pas le temps de demeurer tout le jour déshabillée par ma chambre à jouer de ma guitare, et que cette effroyable négligence lui faisoit quasi croire ce qu’on disait, que je voulois m’enfuir en Italie. Son inutile remontrance finit en m’exhortant d’aller à Saint-Germain avec elle pour faire du moins ma cour, mais comme je ne manquois pas d’affaires, je la priai de m’excuser. Il étoit absolument nécessaire pour mon dessein, qu’elle y fût quand je partirois ; car si elle eût été à Paris, dans l’inquiétude qu’elle avoit de ma conduite, il eût été difficile qu’elle n’eût pas pressenti quelque chose.

Enfin, le mercredi treizième juin 1668, jour destiné pour mon départ, étant venue13, dans le temps que je disposois mes petites affaires pour le soir, elle m’envoya querir pour aller dîner à Saint-Germain avec elle. Je voulus refuser d’abord ; on me pressa si fortement de sa part, que je crus presque être découverte ; mais comme il faut toujours présumer qu’on ne l’est pas, dans ces sortes



13. M. Érard, dans son Plaidoyer pour M. le duc de Mazarin, dit que Mme Mazarin partit la nuit du 13 au 14 juin de l’année 1667 ; mais il paroît, par le Factum pour Mme la duchesse Mazarin, que ce fut en 1668. Voici encore une preuve que M. Érard s’est trompé. Mme de Montmorency ayant appris à Bussy le départ de Mme Mazarin, comme une nouvelle, il lui fit cette réponse, le 10 août 1668 : L’aventure de Mme de Mazarin est plaisante. Mais n’admirez-vous pas là-dessus les projets