Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/145

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à mon frère, pour lui donner de mes nouvelles ; et à M. de Rohan, pour le remercier des services qu’il m’avoit rendus dans mon départ. J’avois chargé Narcisse d’envoyer ces deux lettres ; mais soit que sa haine pour Courbeville passât jusqu’à celui qui me l’avoit donné, ou que ce fût par pure négligence, il avoua à Milan d’avoir oublié celle de M. de Rohan sur la cheminée du maître de la poste de Neuchâtel, à qui il l’avoit recommandée.

La Louvière qui l’y avoit trouvée, chemin faisant, n’en avoit pas fait de même ; M. Mazarin s’en servit avec tant de bonheur, qu’elle mit tout le monde contre moi, et c’est sur cette lettre qu’il eut depuis la témérité de présenter requête pour me faire déchoir de tous mes droits, ce qui ne se fait que contre des femmes convaincues de la dernière turpitude15.

Je vous ai dit que M. de Rohan avoit fait consentir mon frère, qu’ils me viendroient joindre ensemble à Bruxelles quand j’y serois. Le besoin que nous avions de lui, ayant fait résoudre la chose ainsi, il étoit assez naturel que je lui parlasse de ce projet dans une lettre qui n’étoit faite que pour lui témoigner ma reconnoissance. Ce fut assez à M. Mazarin pour prouver notre complot, et que le Che-


15. Voici ce que dit là-dessus Mme de Montmorency, dans une lettre au comte de Bussy, du 27 août 1668 : Pour la lettre de Mme de Mazarin à M. le chevalier de Rohan, elle n’a point couru. Le mari l’a montrée au Roi, et l’a donnée au Parlement. Ainsi n’étant point cocu de chronique, au moins le sera-t-il de registre. M. de Rohan est ravi de cette aventure, rien ne lui pouvoit venir plus à souhait. (Lettres du comte de Bussy-Rabutin, t. I, lettre 125, p. 125.)