Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/170

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les yeux du peuple, et ils voulurent que la parure eût également de la magnificence et de l’invention. Le comte de Guiche se distingua par beaucoup de singularités. Il portoit une aigrette à son chapeau ; et une boucle de diamant qu’il eût souhaité plus gros, pour cette occasion, tenoit le chapeau retroussé. Il avoit au col du point de Venise, qui n’était ni cravate ni collet ; c’étoit une espèce de petite fraise qui pouvoit contenter l’inclination secrète qu’il avoit prise pour la Golille à Madrid. Après cela, vous eussiez attendu une roupille à l’Espagnole, et c’étoit une veste à la Hongroise. Ici, l’antiquité lui revint en tête, pour lui mettre aux jambes des brodequins : mais plus galant que les Romains, il y avoit fait écrire le nom de sa maîtresse, en lettres assez bien formées, dans une broderie de perles. Du chapeau jusqu’à la veste, la bizarria de l’Amirante avoit tout réglé : le comte de Serin régnoit à la veste, et l’idée de Scipion lui avoit fait prendre des brodequins. Pour la Vallière, il se mit le plus extraordinairement qu’il lui fut possible : mais il sentoit trop le François ; et pour dire la vérité, il ne put s’élever à la perfection de la bizarrerie.

Telle étoit la parure de nos Messieurs, quand ils entrèrent dans le Voohout, lieu destiné pour la promenade de la Haye. À peine